LONE RANGER

Un film de Gore Verbinski

Trop, vraiment trop long

Alors qu’il visite un musée ambulant sur les origines de l’Amérique, dans l’une des vitrines, à côté de l’ours, un enfant voit le bon sauvage se mettre à bouger. Indien à la tête couronnée d’un oiseau mort, celui-ci se met à lui conter sa rencontre avec un homme blanc qui deviendra un héros masqué...

Feuilleton radiophonique entamé dans les années 30 (écrit par Fran Striker, la première diffusion date de 1933), devenu télévisuel au début des années 50 (de 49 à 57 pour être exact), "The Lone Ranger" est ancré dans la culture populaire américaine, alors qu’il n’est plus qu’un vague souvenir pour ceux qui, en France, regardaient déjà la télévision dans les années 70. Autant dire, donc, que pour les jeunes générations, "Lone Ranger" n’est qu’un western de plus dans un paysage cinématographique qui a plutôt condamné à l’échec les blockbusters estivaux s’aventurant dans le genre (voir le regrettable "Wild Wild West").

L’idée principale pour redonner du souffle à ce héros de jadis, est d’avoir insufflé à cette histoire de justicier qui s’ignore (le garçon arrive dans le village où son frère est shérif, pour y devenir juge), une bonne dose d’une recette à succès déjà éprouvée. L’influence de la saga des "Pirates des Caraïbes" se fait donc sentir tout au long du film, avec une histoire centrée sur un trio du même type (un homme droit, son acolyte limite timbré, ou en tous cas fortement inconscient, et une belle ici à reconquérir, le frangin ayant mis la main de dessus), et des scènes d’action doublées d’un humour clownesque qui doit beaucoup à la chorégraphie des combats.

On se laisse donc gentiment séduire par la première demi-heure du film, efficace en diable, centrée autour de l’attaque d’un train, visant à libérer un prisonnier devant être prochainement exécuté. Les cascades sont spectaculaires, le rythme survitaminé, l’installation des personnages sympathique, et l’humour visuel et toqué plutôt bienvenu.

Malheureusement, la suite du métrage finit par nous noyer sous un déluge de poursuites, vengeances, et sous-intrigues téléphonées, qui malgré un fond de conquête de l'Ouest peu respectueuse de la survie des communautés indiennes, essuie tous les poncifs du genre, en passant par tous les décors types (le pont en bois, la mine et ses wagonnets, le train lancé à vive allure, l’embuscade au fond du canyon...). Les pitreries de Johnny Depp amusent un temps, le charisme de Armie Hammer ("J. Edgar", "The Social Network") n’arrive pas à l’affirmer comme le protagoniste principal, tandis que la surenchère dans les rebondissements fait que la dernière poursuite en train, qui arrive au bout de plus de 2h10 de film, se regarde avec un certain espoir de délivrance.

Ceci n’enlève rien à la maestria des scènes d’action, Verbinski (réalisateur des trois premiers épisodes de "Pirates des Caraïbes" et du "Mexicain") maîtrisant parfaitement rythme et enchaînements, cascades et castagnes, alternances de chorégraphies resserrées et de plans d’ensembles spectaculaires. On aurait juste aimé qu’il se renouvelle un peu et surtout qu’il apprenne à faire plus court... beaucoup plus court.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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