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LES ÉTENDUES IMAGINAIRES

Un film de Siew Hua Yeo

Sombrer

Un ouvrier chinois, Wang, disparaît sur un chantier singapourien. L’inspecteur qui part à sa recherche découvre d’étranges similitudes entre lui-même et cet homme au fur et à mesure de son enquête au cœur des travaux d’extension de l’île. Plongé dans un univers onirique et nocturne, il(s) ère(nt)…

Les étendues imaginaires film image

Ce film s’ouvre par de longues séries de dialogues nocturnes très lents qui tentent de mettre en place la situation. Il est important de comprendre que toute l’histoire de Wang, telle qu’elle est racontée, n’a rien de réel, c’est une interprétation de l’inspecteur insomniaque qui tente d’inférer ce qu’a pu être la vie du jeune homme et ce qui a pu conduire à sa disparition. L’inspecteur, homme privilégié singapourien, tente d’entrer dans la tête des immigrés qui travaillent sur les différents sites d’extension de l’île. Immigrés dont ils ne parlent pas la langue et dont il connaît à peine la culture et le fonctionnement communautaire. L’insomnie vient s’ajouter à l’addition, dressant d’étranges similitudes entre Wang et le policier.

A s’y perdre n’est-ce pas ? Surtout quand la jeune femme tenant le cybercafé où Wang se rendait souvent semble reconnaître le policier et qu’une partie de ce qu’il avait inféré se révèle être vrai. Le réalisateur, lui, ne dit jamais au spectateur où s’arrête l’inférence, ou s’arrête le rêve éveillé des deux insomniaques et où commence la réalité. Peut-on dire que toutes les scènes où est présent l’inspecteur sont des scènes réelles ? Peut-être pas. Et que dire de la scène finale, qui vient remettre en question une grande partie de ce que l’on a vu ?

En arrivant à la conclusion de ce film, deux choix s’offrent au spectateur. Laisser au film le temps d’infuser, lire une ou deux critiques et voir ce qui a été fait dessus, puis y revenir, le regarder à nouveau et essayer de bâtir un avis sur l’histoire qui est racontée et sur sa forme, sur la place de la réalité dans l’enquête que l’on a suivie. C’est une idée. L’autre, toute aussi louable, consisterait à passer complètement à autre chose, se dire que l’on a rien compris et tant pis.

Ce film n’est pas très complexe, juste d’apparence ampoulé, mais la forme est parfaitement au service du fond. Les acteurs sont d’une grandes justesse, portant la détresse, le silence, la souffrance, l’ennui et la chaleur sur leur visages, dans des paysages diurnes s’évanouissant au réveil et d’autres qui au grand jour, semblent tout droit sortis du monde des rêves.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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