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LA VÉNUS D'ARGENT

Un film de Helena Klotz

Un monde de requins

Jeanne, 24 ans, est fille de gendarme et vit dans une caserne de banlieue, au milieu d’un quartier de grands ensembles. Un soir, avec son scooter, ne quittant pas son casque de moto, elle casse la vitrine d’un magasin de vêtements pour voler un costume d’homme. Le lendemain, elle se présente pour un entretien pour devenir trader dans une banque, mais est victime d’un malaise. Obligée de se faire poser des points de suture, à cause d’un bout de verre planté dans sa poitrine, elle obtient néanmoins rapidement par la suite un stage dans une banque d’affaire, où elle se fait vite remarquer…

La Vénus d'argent film movie

"La Vénus d’argent" est à la fois un film qui traite de la condition de la femme, pour faire sa place dans un monde d’hommes, et du déterminisme social. Il faut dire que dans la famille de Jeanne, c’est un peu elle qui joue le rôle de la mère, devant s’occuper de sa petite sœur et son petit frère, faire à manger, alors que son père travaille tard ou est soumis à astreintes. Comment s’échapper alors d’un milieu où la plupart des référents sont des hommes, même celui de son âge, revenant d’une campagne en Afrique, avec lequel une certaine tension est d’emblée palpable (Niels Schneider, parfaitement ambiguë), si ce n’est en ayant un moral à toute épreuve, en parvenant à une indépendance financière et en réussissant enfin à larguer les amarres.

C’est à cela que semble s’atteler Jeanne, qui va même plus loin, en effaçant sa poitrine grâce à un bandage, en portant un costard d’homme, et en affirmant sa « neutralité », « comme les chiffres ». Mais est-ce que cela suffira pour qu’elle se fasse une place dans ce monde sans pitié de la finance, où les coups bas sont permis (elle démarre d'ailleurs sa carrière par un beau, calculé ou non), et où l’on ne recule devant rien pour décrocher un client. En ce sens là, la jeune Claire Pommet (alias la chanteuse Pomme), est formidable dans son mélange de dureté affichée, d’ambition sans frein et de naïveté persistante. Sofiane Zermani, dans le rôle de son « chef », Farès, incarne un mentor sur le fil du rasoir, entre charme, flatterie et froideur, tout comme Anna Mouglalis, fascinante d’autorité et de distance, en héritière que l’argent rend « libre ». Une œuvre qui questionne sans détours la possibilité de « changer de monde », dans une ambiance plutôt réussie qui frise le thriller.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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