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L'ORPHELINAT

Un film de Shahrbanoo Sadat

Mensonge sur la marchandise…

A la fin des années 80, à Kaboul, le jeune Qodrat gagne sa vie en revendant des tickets de cinéma pour des séances de films Bollywood. Un jour, la police le rattrape et le place dans un orphelinat. Pendant ce temps, l’invasion rebelle gronde de plus en plus dans le reste du pays…

Toujours se méfier des bandes-annonces et des taglines critiques qu’on a pris soin d’y placer… On le sait, et à chaque fois, on se fait avoir. Même après avoir vu celle de "L’orphelinat", même après avoir lu le synopsis, on vous le dit tout de suite : vous sentirez vite fait le poids de l’arnaque si vous vous attendez à un film social afghan revisité à la sauce Bollywood. Cinq minutes du film – et pas davantage – forment en effet ce petit effet de décalage, le temps d’une scène musicale onirique (pas très bien réalisée, en outre) et d’un final hélas même pas délirant où le jeune héros se met soudain à jouer les yakayos proto-Singham face à une armée de rebelles sanguinaires. C’est tout ? C’est tout. A part ça, attendez-vous à quelque chose dans le genre « du Charles Dickens à Kaboul », où un jeune garçon tente de s’accommoder tant bien que mal de son statut d’orphelin dans un établissement où les gardiens brutaux côtoient les petites frappes amatrices de rackets et de trafics. La cinéphilie du jeune garçon, la transcendance du film social par les genres les plus populaires du 7ème Art, tout ça, c’est peanuts.

Le gros souci avec ce film, c’est qu’on ne sait ni par quel bout il faudrait le prendre, ni par quel détail il serait susceptible de transcender un programme cousu de fil blanc, surtout depuis que le mélodrame a déployé ses ficelles les plus basiques. On passe littéralement 90 minutes à se tourner les pouces, en attendant que la fantaisie survienne, en espérant que la dictature du social à tout prix expédie vite fait ses dernières cartouches pour laisser la place à de la vraie évocation symbolique. Mais non, c’est peine perdue. "L’orphelinat" de Shahrbanoo Sadat ("Wolf and sheep") – rien à voir avec le film éponyme de Juan Antonio Bayona ! – ne fait que ressasser un contexte sur lequel tout a été dit, se ressource au manichéisme au lieu de s’enrichir à la nuance, et cadre ses enjeux les plus consensuels avec une mise en scène de téléfilm du mercredi soir sur France 2. Difficile d’en dire davantage.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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