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KONTROLL

Un film de Nimród Antal

Un huis clos angoissant et ébouriffant

Bulcsu ( Sandor Bador ) est un jeune homme de vingt ans, responsable d'une équipe de contrôleurs dans le métro de Budapest. Avec ses collègues, il doit non seulement faire face à la malhonnêteté de certains clients, à un groupe de contrôleur rival, mais aussi à un mystérieux homme encapuché, qui semble balancer les passagers sous les rames du métro…

Sortie en DVD le 9 avril 2009

Imaginez un monde baigné de lumière artificielle où l'affrontement est la règle de base. Imaginez une série de personnages névrosés, peu courageux ni zélés, avec une conscience professionnelle proche de zéro. Imaginez une introduction hallucinante par le patron du métro hongrois, expliquant face caméra pourquoi il accepté le déroulement du tournage dans ses infrastructures et locaux. Vous aurez alors une idée du cadre posé, dans lequel s'inscrit Kontroll, polar azimuté et fendard, sorte Subway des pays de l'Est, inquiétant et sombre.

Le scénariste et réalisateur, Nimrod Antal a confectionné à son histoire une toile de fond fournie, teintée de bouleversement social et comportemental. Entre les clients récalcitrants, irrespectueux, voire pour certains, dangereux, il dresse une peinture noire et pessimiste du métier de contrôleur et de l'évolution de la société hongroise. Dans ce milieu, surnagent quelques personnages, d'un côté comme de l'autre. Qu'il s'agisse côté passagers, de Bip Bip, l'homme qui vous gaze plus vite que son ombre, ou côté brigades, de Bucsu lui-même, sorte de squatter sympathique et nonchalant, ceux là sont les seuls à ne pas sombrer dans la peur ou le désarroi permanent. Ce film brillant se double donc d'une réflexion sur l'identité, l'état du système, et le rapport à l'autre.

Formidablement rythmé, Kontroll est aussi débordant d'un humour sarcastique et moqueur, tournant en dérision (ou en tension) les relations contrôleurs / passagers. Mais c'est avant tout un film d'action, enlevé, brillant, dont les ressorts inattendus vous emportent dans un tourbillon de sensations contradictoires : sueurs froides, plaisir, désir de vengeance, compassion. Et rapidement, dans ce tourbillon qui semble happer les personnages, vous aussi, comme Bucsu, désirerez une accalmie, un moment de repos, un retour à la normale. Mais ça n'est pas pour tout de suite…

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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