KINATAY

Un film de Brillante Mendoza

Un prétexte à la perversité

Étudiant en criminologie, Peping a besoin d’argent pour financer son mariage. Contacté par un ancien camarade de classe, il accepte un travail d’homme « à tout faire » pour un gang local de Manille. Pour davantage encore d’argent, il accepte une « mission spéciale », mais il ne se doute guère de ce qui l’attend…

Usant des codes du film d’horreur (musique glauque, cadrages serrés obsédants, cris hors champs, film se déroulant presque entièrement de nuit...), Mendoza délivre un film non seulement ringard mais aussi faussement provoquant. Sous couvert de centrer l’histoire autour de son jeune héros, il inflige au spectateur des scènes qui ont pour seul but de susciter énervement ou dégoût : un voyage de 20 minutes en voitures où il ne se passe quasiment rien, des amorces de rebondissement systématiquement avortées, des allusions grossières à la déroute du jeune homme (avec en plus des zooms sur son T-shirt de l’école de police, au cas où on n’aurait pas compris le paradoxe de sa situation), et surtout, près d’une demi-heure de lâchage total à travers ce qui semble être le moment tant attendu du film : le supplice de la victime.

Car oui c’est horrible, oui l’homme est vil et tordu, or ce qui devrait être le véritable enjeu de l’histoire (la fin de l’innocence et la lâcheté humaine) est trop anecdotique pour être crédible. Kinatay rassemble ici un ramassis de fantasmes malsains, et ne lésine sur rien, tout en voulant faire passer cela pour un tableau tristement réaliste. Sans intérêt.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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