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KIE LA PETITE PESTE

Un film de Isao Takahata

Férocement drôle

Kié a huit ans. A Osaka, elle aide sa grand-mère à tenir le restaurant familial, et se débrouille comme un chef, faisant même preuve d’une autorité inattendue…

Datant pourtant de 1981, ce dessin animé de Isao Takahata (Le tombeau des lucioles), semble toujours autant d’actualité, car presque intemporel. Entre la démission de son père, alcoolique et benêt, et un monde des adultes décidément dur et bien peu honnête, Kié doit se débrouiller. Et son caractère bien trempé, lui valant dans le titre le sobriquet de « petite peste », plutôt exagéré, lui permet de s’en sortir la tête haute. Bien sûr, elle fait preuve d’autorité, mais sa situation familiale justifie bien des écarts pour une enfant de son âge. Takahata, déjà remarquable descripteur et décrypteur de l’enfance, lui donne assez de qualités et de défauts, pour la rendre crédible, en gamine déjà adulte.

L’humour ici est ici fortement présent, grand guignol parfois, avec le chat débonnaire, sorte de contrepoids flegmatique à l’excité Kié. Takahata contrecarre ainsi les excès de tristesse due à la réalité sociale dans laquelle trempe la jeune fille, et donne dans le clownesque pour mieux attendrir le spectateur. On est donc séduit, amusé et intrigué par cette volontaire boule de nerfs, qui a plus d’un tour dans son sac, et qui va à son tour, faire l’éducation de son père. Cette inversion des rôles est la véritable trouvaille du film, que seul un dessin animé pouvant rendre, à ce point, crédible.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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