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JOUEUSE

Un film de Caroline Bottaro

« Aux échecs, la dame est la pièce la plus importante »

En faisant le ménage dans l’hôtel dans lequel elle travaille, Hélène est témoin d’une scène à ses yeux inédite. Un couple se retrouve autour d’une partie d’échecs, et chaque geste semble être les prémices d’une conquête amoureuse. Subjuguée par la complicité intellectuelle ainsi que la sensualité qui émanent de ce couple, Hélène décide d’apprendre les échecs...

Tout comme dans le film, où Sandrine Bonnaire est en permanence dans le cadre. Que ce soit dans l’humilité ou la passion, cette actrice n’en finit pas de nous convaincre. Surtout que le sujet est parfois traité avec un brin de naïveté, dans le style «ce n’est pas parce qu’on vient d’un milieu populaire que l’on n’est pas sensibles et riches de l’intérieur». Le mari est un peu trop bourru, l’adolescente un peu trop honteuse de son milieu d’origine, en résumé tout est un peu trop explicatif, signifiant. L’héroïne est interprétée avec une constante justesse et cela constitue un pilier du film.

Néanmoins, on ne peut que féliciter la réalisatrice d’avoir choisi de mêler différents enjeux, l’apprentissage des échecs n’étant pas traité comme une fin en soi, mais comme un élément qui résonne sur l’ensemble des protagonistes. Car en se lançant à corps perdu dans les échecs, symbole élitiste, Hélène sort de son cocon et de sa vie bien rangée. Elle demande au médecin chez qui elle fait le ménage (Kevin Kline) de lui inculquer l’art de ce jeu, et cette relation naissante jette le trouble sur le village corse, comme toute déviation sur une ligne droite.

Ce film dépeint une large palette de sentiments, de la frustration au renoncement, du dépassement de soi à l’évolution du couple. Car finalement, en vivant cette nouvelle passion envers et contre tous, c’est le rapprochement avec son conjoint que l’héroïne cherche, et qu’elle finira par atteindre une fois qu’elle se sera trouvée, elle. Le duo improbable formé par Kevin Kline et Sandrine Bonnaire trouve rapidement un ronronnement agréable, avec ce qu’il faut de troublant pour regretter que l’intrigue ne s’aventure pas davantage. Un premier film qui manque de prise de risque, mais dont les sujets traités avec finesse méritent qu’on s’y attarde.

Camille ChignierEnvoyer un message au rédacteur

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