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JOHN FROM

Un film de João Nicolau

L’été sans fin

Rita et Sara, deux jeunes adolescentes portugaises, profitent de leurs vacances d’été dans les rues de Lisbonne. Lorsque Rita rencontre par hasard son nouveau voisin Philippe, elle ressent une profonde vibration intérieure, allant jusqu’à visualiser son propre quartier urbain comme un territoire magique…

Filmer l’été peut-il être un sujet de cinéma à part entière ? Au vu d’une poignée de propositions de cinéma récentes, telles que l’irradiant "Summer" d’Alanté Kavaïté ou le décongelé "Juillet Août" de Diastème, on aurait bien du mal à répondre par la négative vu le nombre de possibilités narratives et visuelles qu’induit une telle idée. Ici, filmer l’été, c’est d’abord filmer des corps d’adolescentes qui se confrontent à une forme inédite de sensualité, laquelle fait l’effet d’un violent orage intérieur. Filmer l’été, c’est aussi filmer l’ennui, celui dont on s’acclimate sans peine au rythme des bronzages sur le balcon et des virées entre copines. Filmer l’été, c’est enfin filmer une ambiance solaire où la réalité abdique vite au profit d’un autre domaine, celui de la fantasmagorie et de l’imaginaire. Ici, les trois idées se rejoignent dans un écrin d’une belle et douce modestie.

D’un simple point de vue narratif, il ne se passe pas grand-chose dans "John From", et c’est pourtant ce qui en fait un chouette film. Parce que João Nicolau, s’il s’en tient à filmer des déambulations ici et là, dessine malgré lui une sorte de mythologie de l’adolescence, qui trompe l’ennui par le coup de foudre amoureux, qui revisite son quotidien urbanisé en un territoire exotique où les cultures et les couleurs vont peu à peu se mélanger. Cet onirisme de poche fait naître un enchantement tout à fait addictif chez le spectateur, très vite focalisé sur la façon dont les jeunes héroïnes redécouvrent leur monde pour en redessiner les contours. Qu’importe les enjeux familiaux ou les discussions sociales, l’intérêt de "John From" s’installe à l’extérieur, là où les rêves brillent autant que le soleil. Un avant-goût de l’été qui fait vraiment du bien.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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