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JEAN DE LA LUNE

Un film de Stephan Schesch

Joli conte

Jean de la lune s'ennuyait tellement sur son satellite qu'il profite du passage d'une comète pour descendre sur terre. Mais le président de la terre lance ses armées à sa recherche, croyant qu'il s'agit là d'un dangereux extra-terrestre. Tandis que les enfants, eux, ne peuvent plus dormir, se demandant où est passé celui qui veillait sur eux...

Adapté du livre d'images de Tomy Ungerer (déjà auteur des « Trois brigands »), « Jean de la lune » séduira certainement les plus petits. Ils découvriront ici un être tout de blanc vêtu, à l'étrange tête ronde, ou plutôt légèrement ovale, et à l'air indubitablement innocent. Ils le suivront dans sa découverte du monde, des plantes et fleurs, jusqu'aux animaux qui peuplent une rivière et ses alentours, ceci au grès de quelques scènes délicieusement poétiques et drôles. Puis ils découvriront ses difficultés à communiquer, et à retourner à sa maison, la lune.

Bardé d'un discours de fond sur la solitude et la véritable amitié, ce dessin animé invite à se méfier de ceux qui vous exploitent ou se prétendent votre ami dans le but d'obtenir quelque chose. Ici le président de la terre se rapproche en effet de l' « inventeur de tout » pour mieux assouvir son besoin de tout contrôler, espérant conquérir l'astre lunaire pour mieux asservir son supposé peuple. Aveuglement de dirigeants avides de pouvoir, manipulation de la vérité, persécution des plus faibles, usage de la peur, totalitarisme sous-jacent, « Jean de la Lune » ne cache pas aux plus petits petits les dangers qui guettent notre démocratie.

En globalisant ses personnages (seuls les enfants sont nombreux et montrés hors de la masse), Tomi Ungerer réussit à limiter le nombre de ses personnages, pour ne pas perdre les jeunes spectateurs. Ainsi le président dirige le monde, et il est assisté d'un chef des armées qui lui rapportent bonnes et mauvaises nouvelles. Quant aux troupes, elles sont seulement suggérées, par notamment des silhouettes dans la forêt, ou lors du défilé. Par un dessin coloré et volontairement schématique par moments, Tomi Ungerer enchante une nouvelle fois, faisant jaillir poésie et sourires de cette improbable recherche d'un gentil alien perdu sur une terre hostile. Les choix musicaux inattendus, parfois rock ou blues (« Moon river » par Louis Armstrong...), viennent renforcer la sensation de flottement qui sied si bien à un dessin animé hors du temps et pourtant fort approprié pour Noël.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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