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J'AIMERAIS QU'IL RESTE QUELQUE CHOSE

Un film de Ludovic Cantais

Pour que les noms ne soient jamais que des mots sur une pierre

Le Mémorial de la Shoah n’est pas qu’un musée mémoire qui organise des célébrations commémoratives, c’est aussi un ensemble de bénévoles qui participent à l’acquisition et à la préservation d’histoires individuelles…

J'aimerais qu'il reste quelque chose film documentaire image

La démarche de Ludovic Cantais, qui a suivi les bénévoles du Mémorial de la Shoah à Paris pendant deux ans, est une démarche de mémoire au même titre que celle des gens qu'il filme. Cet écho est d'ailleurs troublant dans le film. Sa mise en scène s'adapte à l'image qu'il a à filmer. Quand il s'agit de mouvement et de procédure, la caméra est à l'épaule, mobile, elle observe le présent et les gens qui s'agitent, qui produisent et font, les vivants. Mais quand vient le temps des témoignages, quand les absents refont soudain surface, la caméra est fixe, quasiment immobile et à hauteur de ceux qui viennent raconter leur histoire. Elle les regarde droit dans les yeux, sans ciller, sans détourner le regard, sans fausse pudeur. Apparaissent alors des hommes et des femmes disparus que portent encore en eux ceux qui sont toujours là.

Le montage donne une théâtralité à ces récits qui n'a rien de voyeuriste ou de spectaculaire. Les vielles photographies s'insèrent dans la narration qui continue en voix-off. Une voix qui s'arrête, reprend, puis s'arrête à nouveau le temps que l'émotion passe. Ce film est ainsi empli de témoignages simples et bouleversants, des choses qu'on fait les gens, les voisins, des petites histoires qui viennent s'inscrire dans la grande, mais dont on ne trouvera jamais la trace dans les livres et qu'il faut donc préserver d'une autre manière.

Ludovic Cantais filme, outre le travail de recherches et d'acquisitions de nouvelles pièces pour le musée que font les bénévoles en France, le travail de ceux qui restent à Paris. Cet homme assis à son bureau qui téléphone, encore et encore, aux familles des victimes en les invitants à être présentes pour les différents événements commémoratifs qu'ils organisent. Il y a aussi cette femme qui travaille dans les archives et qui organise ce que les bénévoles rapportent de leurs voyages en province et qui sort des stocks les éléments nécessaires aux différentes expositions. Enfin, il y a ce travail de passation de la mémoire avec les classes qui viennent visiter le musée et découvrir, derrière les titres et les noms dans les livres, les effets personnels des « vraies » gens. Devant leurs yeux, l'Histoire s'incarne. C'est peut-être ça la vocation du travail du Mémorial de la Shoah, incarner cette grande Histoire pour que les 75 000 noms écrits sur les murs ne soient jamais vides de sens.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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