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JACK REACHER: NEVER GO BACK

Un film de Edward Zwick

Cruise Control en excès

Lorsque le major Susan Turner est envoyée en cour martiale pour motif d’espionnage, Jack Reacher flaire immédiatement un complot. Mais sa curiosité vis-à-vis de cette affaire le place lui aussi dans une position de suspect, ce qui le pousse à faire évader Turner et à s’enfuir avec elle pour découvrir la vérité…

En embrassant cette théorie selon laquelle la sortie en fin d’année d’un film d’action avec Tom Cruise va soudain relever le niveau d’une année cinématographique assez morose en matière de bons blockbusters (il n’y a qu’à voir les résultats des deux derniers films "Mission Impossible"), "Jack Reacher" fut une excellente surprise, riche d’une narration stratégique qui contrait tous les codes respectifs du vigilante et de l’actionner lambda par la simple présence d’un personnage quasi omniscient, anticipant chaque action et brouillant le déroulement du récit par de savoureuses ironies situationnelles, le tout sans super-pouvoirs. Retrouver ce personnage adapté de la série de livres écrits par Lee Child était plus qu’alléchant. Hélas, le traitement ici adopté par Edward Zwick ("Glory", "Légendes d'automne", "Le dernier samouraï") – à la fois réalisateur et co-scénariste – est loin d’égaler en maîtrise celui de Christopher McQuarrie.

Le point noir vient principalement de Tom Cruise lui-même, dont l’influence jusque-là croissante sur les réalisateurs censés lui servir la soupe sur grand écran n’a jamais été une vue de l’esprit. Cette suite laisse hélas penser que le bonhomme a cette fois-ci pris les devants pour imposer un résultat plus consensuel, infiniment moins audacieux, et autocentré moins sur son personnage que sur sa personne. Construit autour d’un énième complot d’État comme on a pu en voir dans un millier d’autres films (ne serait-ce qu’au travers de la franchise James Bond), le scénario se focalise hélas surtout sur le potentiel statut de « papounet » que Jack Reacher pourrait bien embrasser, ce qui implique la présence d’une gamine têtue comme contrepoint niais à un personnage jusque-là réputé pour sa brutalité et son travail en solitaire. Cela fragilise le récit en limitant l’impact du personnage, plus sensible (!) en plus d’être ici entouré de deux personnages féminins qui prennent sans cesse les devants et tendent à déséquilibrer davantage une trame déjà très faible à la base. Ajoutez à cela les clichés récurrents en guise de seconds rôles (dont un jeune tueur qu'on dirait sorti d’une mauvaise production Luc Besson), un rythme pas très prenant et une bagarre finale sans grande originalité, et c’est tout juste si l’on ne se tourne pas les pouces.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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