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INTERCEPTOR

Un film de Matthew Reilly

Cliché mais efficace et féministe

La capitaine J. J. Collins, qui sort d’une longue et dure période après avoir porté plainte contre un général pour agression sexuelle, est réaffectée sur une base antimissile située au milieu de l’océan Pacifique. Peu après son arrivée, les États-Unis font face à une situation d’urgence absolue : des terroristes ont volé seize missiles nucléaires russes et menacent de les envoyer sur les plus grandes villes américaines…

Interceptor film movie

Sortie le 3 juin 2022 sur Netflix

Écrivain australien spécialisé dans le thriller d’action, Matthew Reilly passe pour la première fois à la réalisation avec "Interceptor". Il prouve qu’il maîtrise parfaitement les codes du genre en les réinvestissant avec une certaine efficacité, à défaut d’être original. Le film s’inscrit ainsi dans une tradition que les amateurs apprécieront, qu’il soit visionné au premier ou au second degré. On retrouve en effet tout ce qui fait à la fois le sel et le ridicule (qui ne tue pas) de l’actionner : méchants prêts à tout, gentils disposés à se sacrifier et à se surpasser, rebondissements invraisemblables, hasards incroyables, moments d’émotion, blessures qui n’empêchent pas les exploits, comptes à rebours, etc. Le tout dans ce qui est majoritairement un huis clos avec transmission des évènements en direct sur tous les écrans américains (voilà pour le côté légèrement original).

Selon sa posture, le public pourra trouver affligeants ou drôles de nombreux aspects de ce long métrage, dans ses incohérences comme dans ses exagérations ou ses situations stéréotypées. Dans tous les cas, on regrettera notamment que les motivations des terroristes soient franchement incompréhensibles. Notons entre autres que leur leader semble, d’après ses discours, vouloir détruire les États-Unis car ce pays n’a pas tenu ses promesses d’égalité alors que l’un de ses sbires déclame ouvertement des répliques racistes et misogynes ! Il y a aussi de quoi soupirer face à des séquences qu’on a l’impression d’avoir vu mille fois (le suspense n’est donc pas le point fort du métrage, car on devine beaucoup de choses) ou à propos de ficelles artificielles (par exemple la façon dont les dialogues nous vendent le choix d’Elsa Pataky en justifiant son accent espagnol !). Et on se demande pourquoi Chris Hemsworth, qui fait partie des producteurs, n’a pas joué lui-même le méchant puisque Luke Bracey donne l’impression d’être un clone de son compatriote ! Ceci dit, Hemsworth apparaît tout de même dans un petit rôle (un vendeur de télé à Los Angeles) dont la drôlerie décalée pimente un peu un récit souvent convenu.

Reste à évoquer l’intérêt majeur du film : son personnage clairement post-MeToo. J. J. Collins représente ainsi toutes ses femmes qui se révoltent ouvertement contre les abus du patriarcat, ici incarné à la fois par un général harceleur (présenté dans les flashbacks) et par des terroristes adoptant un air supérieur vis-à-vis de cette capitaine dont ils sous-estiment les aptitudes et les motivations. Si le tout manque de subtilité, "Interceptor" a tout de même le mérite de se poser comme un étendard de la cause des femmes, accessible au grand public, donc rendant aisément compréhensible ce que peut vivre une femme qui a subi des agressions sexuelles, qui a le courage de s’y opposer publiquement et qui doit affronter ensuite les pires humiliations de la part d’une masse anonyme de trolls et de lâches (pléonasme ?). Rien que pour ça, c’est assez jouissif de voir cette héroïne casser du mec (et un peu de femme aussi).

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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