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HOUSE

Un film de Nobuhiko Ôbayashi

Putain de chat !

Quittant le domicile familial, Angel, une jeune lycéenne japonaise et ses six amies se rendent dans la maison de campagne de sa grand-tante. Mais cette étrange demeure décèle un grand nombre de surprises surnaturelles auxquelles le groupe de filles va vite se retrouver confronté…

House (2023) film movie

Vous aimez les chats ? Vous savez, cette catégorie de boules de poils à quatre pattes qui se frottent contre votre jambe quand elles ne vous filent carrément pas de vilains coups de griffe dès que vous essayez de les caresser gentiment… Nul doute que vous verrez ces créatures de l’enfer d’un tout autre œil après avoir découvert "House". Ceux qui avaient jusqu’ici eu la chance de visionner le célèbre long-métrage de Nobuhiko Ôbayashi, y compris dans une copie détériorée avec une bande-son approximative, ne pouvaient qu’en garder une image fixe : celle d’une figure diabolique et omnisciente d’une sorte de calvaire macabre et complètement WTF imposé à une jeune lycéenne japonaise (Belle) et à ses six amies (Kung-Fu, Binocles, Mélodie, Sweet, Mach et Fanta… oui, je sais, c’est n’importe quoi !) lors d’une visite de la maison de campagne de sa grand-tante (une sorte de Mary Poppins cannibale). Oui, vous avez bien lu… Et non, on n’a pas fumé la moquette : c’est le film qui le fait à votre place !

A part pour souligner à quel point aucun film de maison hantée n’est allé aussi loin dans le n’importe quoi, ne comptez pas sur nous pour vous livrer une analyse creusée de cette pellicule archi-culte – on a clairement baissé les bras au second visionnage. Même dans une copie restaurée que Potemkine nous fait aujourd’hui le grand honneur de ressortir en salles (et bientôt en Blu-ray), cet objet de culte pop des années 70, en accord parfait avec le style visuel surréaliste de son créateur (encore trop méconnu chez nous), défie plus que jamais le sens et la logique. On y voit des têtes coupées qui volent, des matelas qui violent, un piano qui dévore les doigts, un globe oculaire qui sort d’une bouche, un miroir cassé qui pisse du sang, une horloge qui traite la tête humaine comme une orange pressée, un toqué changé en grappes de bananes, et surtout ce putain de chat démoniaque qui surgit toujours dans un coin du décor pour nous donner envie de shooter dedans ! Bon, il y a aussi une mélodie si répétée qu’elle nous tape sur le système, une succession nonsensique d’artifices visuels (filtres colorés, stop-motion, matte-painting, image subliminale, cadres imbriqués…) et de formats narratifs (du muet au cartoon) qui frise l’exercice de création instinctive sans queue ni tête, et des héroïnes de manga trop kawai qui se la jouent stéréotypées sans frilosité.

Que glaner au fond d’un pareil délire, à ce point-là prompt à jeter aux chiottes tout prisme de lecture cartésien ? À la rigueur, peut-être la piste du conte psy qui piège les âmes jeunes et virginales dans l’antre d’une marâtre louche, mais c’est clairement l’effet hallucinogène de ce champignon sur pellicule qui mène la danse. On est effaré mais aussi dérouté, on s’amuse mais on ne sait pas vraiment très bien pourquoi, on savoure mille surprises (bonnes ou mauvaises) mais on rame à trouver une logique claire et nette derrière leur enchaînement. Se complaire dans son propre portnawak surréaliste paraît toujours moins adéquat que de s’efforcer d’en extraire mille stimulations, tant réflexives que sensorielles, au travers d’une trame un minimum réfléchie. C’est là que "House" met un bon coup de frein à notre enthousiasme : le « jamais-vu », c’est très bien, mais c’est mieux avec une ligne directrice. Au moins, la satisfaction d’avoir découvert un OFNI qui ne ressemble à rien de connu est en soi une compensation tout ce qu’il y a de plus acceptable. Tentez le coup, vous verrez bien. Après, on se sent bizarre…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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