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HOLD-UP

Un film de Erik Skjoldbjærg

Fait divers nordique

À 8h00 du matin, onze hommes armés pénètrent dans l’enceinte de Nokas, organisme gérant des billets de banque… Le casse devait initialement durer seulement 8 minutes…

Après un plan inquiétant où des silhouettes vêtues de noir de la tête aux pieds apparaissent au ralenti derrière une série de ventilateurs et de conduits d'extraction, le film opère un flash-back et s'ouvre sur les préparatifs des braqueurs. Ceux-ci, regroupés dans un appartement, se frottent sous la douche pour éliminer toute peau morte susceptible de fournir leur ADN... Puis, effectuant de petits sauts dans le temps, durant les heures qui précédèrent le casse, la construction minutieuse, permet de mieux introduire (dans un désordre apparent) les parties prenantes du drame : quelques policiers en sous-effectif durant les vacances, les employés de Nokas, l'entreprise visée...

Relativement clinique, la caméra d’Erik Skjoldbjaerg se fond dans un décor aux couleurs tristes, laissant les images s'exprimer d'elles-mêmes, sans ajouter aucun effet. Les agissements de groupe se transforment peu à peu en individualités, alors que les gros plans se multiplient, sur les nuques, les visages inquiets, les mains qui essuient un visage. L'auteur nous fait ressentir la gêne, le calcul. Il crée aussi un décalage dans la perception des braqueurs, cagoulés et casqués, que la plupart des passants peuvent ainsi confondre avec les forces de l'ordre. Seul artifice, sa mise en scène use de rares ralentis, notamment dans les scènes de fusillades, lui permettant ainsi de démultiplier les points de vue.

Créant le malaise par la reconstitution minutieuse des mouvements de nombreux protagonistes, Erik Skjoldbjaerg nous plonge au milieu non pas de l'action, mais de l'attente, nous faisant expérimenter l'extension temporelle de ce casse qui ne devait durer que 8 minutes, tout en mettant en évidence le sous-équipement des forces de l'ordre locales. Entre les rares policiers et les malfaiteurs circulent voitures, bus et surtout piétons, inconscients du danger... Et autour des conditions de ce réel braquage (tiré d'un fait divers...), où rien ne se passe comme prévu, la tension s'installe, sans qu'on apprenne à connaître le moindre personnage, sans que l'on puisse s'impliquer. Mais peu importe, cela fonctionne, même si ce qui compte est plus le rouage que l'humain.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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