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HEADSHOT

Un film de Pen-ek Ratanaruang

Un homme seul

Tul, ancien flic intègre devenu tueur à gage par dépit face à la faiblesse de la justice, voit sa vie basculer le jour où il se prend une balle en pleine tête dans le cadre d’une mission. Il survit mais se réveille avec un trouble de la vision : tout ce qu’il voit est inversé à 180°. Considérablement diminué, il décide de démissionner. Or certaines personnes semblent bien décider à l’éliminer…

Après le polar aérien « Vagues invisibles » (2006) et le drame non moins contemplatif « Ploy » (2007), qui ont contribué à le faire émerger au niveau international, le réalisateur Pen-Ek Ratanaruang adapte cette fois-ci un roman de Win Lyovarin (auteur thaïlandais à succès), narrant les déboires d’un homme trop honnête pour le monde dans lequel il vit. Reposant sur de multiples digressions dans le temps, qui permettent de comprendre comment le personnage, à force de manipulations et de pièges tendus, a pu en arriver là, le film brille par son ingénieuse construction. Ratanaruang joue sur les similitudes de certaines scènes et les différentes apparences de son protagoniste (chacune correspondant à une époque), semant le trouble dans l’esprit du spectateur. Rien de surprenant venant de la part du cinéaste thaïlandais qui, même dans ses films plus « soft », aime à brouiller les pistes.

Néanmoins, « Headshot » marque indiscutablement un tournant, revêtant une facture nouvelle. En effet, si l’on retrouve des thèmes chers au réalisateur -personnages ambivalents, faux semblants et violence sournoise- et son goût pour les cadrages très graphiques, on assiste ici à une nette évolution dans le style. La lumière est plus contrastée, les personnages moins intériorisés et l’action considérablement dynamisée, se rapprochant ainsi sensiblement des codes du cinéma coréen. Il faut dire que le handicap du héros, pour le moins original, constitue un formidable ressort scénaristique, bien exploité dans la mise en scène (on pardonnera les quelques « oublis » de mettre l’image à l’envers, anecdotiques). Ratanaruang gagne aussi en clarté narrative : l’habileté avec laquelle il raconte cette histoire, qui s’étend sur sept ans et connaît de multiples rebondissements, force le respect. Un bémol tout de même : en s’ouvrant de cette manière à un plus large public, le réalisateur livre aussi un film plus consensuel, moins personnel. De quoi séduire les novices et, en revanche, dérouter les fans de la première heure.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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