Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

HALLOWEEN II

Un film de Rob Zombie

Le visage du mal

Haddonfield, Illinois. Alors que Laurie Strode, traumatisée par sa récente rencontre avec son frère, est conduite à l’hôpital, Michael Myers poursuit sa traque. Plus sauvage et terrifiante que jamais, son épopée sanglante ne fait que commencer…

Sortie en DVD et Blu-ray le 1 avril 2010

Cinéaste-métalleux au surnom prédestiné, Rob Zombie avait inventé avec ses deux premiers films, un univers personnel percutant et rock’n’roll, dévoilant des obsessions (la famille comme seule entité sociale valable, une vraie fascination pour le Mal à l’état pur) et une maîtrise formelle sidérante renvoyant à Tobe Hooper ou Sam Peckinpah. Le voir s’attaquer au mythique Michael Myers créé par Carpenter avait de quoi intriguer : slasher vraiment furieux et étonnement humain, son "Halloween" réinventait le personnage avec un aplomb stupéfiant et une vraie déférence envers son aîné.

Enchaînant directement à la fin du premier opus, cet "Halloween II" laisse de côté l'attirail habituel de la série pour se recentrer sur l’obsession principale de Rob Zombie : maléfique ou pas, la famille est tout ce qui importe. Et c’est bien là toute l’importance du personnage du sheriff Brackett (incroyable Brad Dourif, qu’on n'a pas connu aussi émouvant depuis… "Vol au-dessus d’un nid de coucou" !), père de famille dont la vie sera à jamais détruite par sa rencontre avec Michael Myers. Père de substitution d’une Laurie Strode complètement paumée, il reste le véritable héros du film, apportant un peu d’humanité à ce récit particulièrement sombre et barbare.

Famille sacrifiée, donc, mais également famille sanctifiée. Tout du moins dans la psyché dérangée et dérangeante de Michael Myers (Tyler Mane, toujours aussi puissant et charismatique). Boogeyman cauchemardesque et indestructible, clochard sanguinaire hanté par des démons intérieurs particulièrement « autres » (Sheri Moon Zombie toute en blanc, chevauchant un destrier tout aussi blanc !), le tueur en série acquière à l’image une résonance quasi-mythologique, géant au couteau démesuré décimant avec hargne et sauvagerie (on prévient les plus sensibles, ça défonce sévère !) tous ceux qui se mettent en travers de son obsession : retrouver sa sœur et refermer le cercle familial. Un jusqu'au-boutisme dans l’ultra_violence qui force le respect et accentue le sentiment d’abstraction qui sous-tend tout le film.

Bien que profondément bancal dans son écriture (euh, Malcolm McDowell, sérieux…), "Halloween II" déroule ainsi son rythme étrange et son ésotérisme maladroit, alignant hystérie féminine, meurtres gores et psychanalyse grossière, avant un final évident faisant basculer le film dans l’épouvante fantastique. Une manière pour le cinéaste de s’ouvrir à d’autres horizons cinématographiques ? On l’espère, car rares sont les grands cinéastes à prendre de tels risques artistiques.

Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire