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THE GOOB

Un film de Guy Myhill

Rivalité en champs

Goob rentre du lycée et rejoint sa famille pour un été de labeur dans les champs. Il découvre que sa sœur s'est séparée de son petit ami, et que son beau père, paysan également champion local de stock-car, entretient une liaison avec elle dans le dos de sa mère...

Chronique familiale anglaise présentée au Festival de Venise 2014 dans la section Venice days, "The Goob" se concentre sur la rivalité qui se développe presque involontairement entre un garçon et son beau père, patriarche dominateur qui joue son rôle de protecteur autant qu'il le dévoie. Car sous ses airs sévères (mention spéciale à Sean Harris réellement inquiétant), se cache un homme dont le désir de domination et de séduction semble l'emporter sur tout. Non satisfait de ses ébats avec sa femme, il se lie en secret avec la fille, et fantasme sur certaines de ses employées saisonnières.

Éliminant chacun de ses rivaux (il menace son ex-beau-fils, se débarrasse avec mépris d'un aide un peu trop libéré, force Goob à effectuer des travaux pénibles...), il tente de tout contrôler, jusqu'au champs de courges qu'il fait surveiller jour et nuit depuis un abri de fortune à moitié enterré. Tentant différentes formes d'approches visuelles et sonores, le metteur en scène joue avec les ellipses (l'accident...), mais aussi avec des variations de son plus (les sortes d'acouphènes avec démultiplication des plans sur les différents protagonistes se préparent pour la course) ou moins bienvenues (les deux garçons qui courent dans les bois, sur fond de musique à dominante de clochettes...).

Peu à peu se dessine le portrait d'un jeune homme timide, silencieux, en qui la révolte gronde, face à la figure d'une autorité aux failles bien visibles. Ne sachant éviter quelques clichés (le jeune homme efféminé, forcément déluré et aimant se déguiser en femme, ou écoutant du Bronski Beat), le film construit en creux une vision peu reluisante du monde rural, et livre sans surprise un final où l'emprise du chef de meute s'affirme avec cruauté.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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