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GOLDA MARIA

Un bouleversant et pudique témoignage d’une rescapée de l'holocauste

1994, Patrick Sobelman avait filmé pendant trois jours avec une caméra 8 mm sa grand-mère Golda Maria Tondovska, une femme juive née en 1910 et survivante de l’holocauste. 2020, Patrick et son fils Hugo Sobelman en ont fait un documentaire, témoignage intime et essentiel…

Golda Maria film documentaire

C’est une histoire de famille, inscrite cruellement dans l’Histoire collective, que Patrick Sobelman et son fils Hugo nous se sont proposés de nous raconter, en combinant en partie trois jours d’entretiens réalisés en 1994 avec la grand-mère du premier. Cela donne un film poignant et émouvant, découvert hors compétition lors de la Berlinale de 2020. Née en 1910 en Pologne, de son vrai prénom Golda (elle se fera appeler Maria dès ses premières années d’école), celle-ci était la plus jeune d’une fratrie de 6 enfants. Au travers du destin de cette femme, décédée en 2010, les Sobelman père et fils, retracent le destin de toute une famille juive, entre Pologne, France, Allemagne et Tchécoslovaquie, au grès des déménagements suite aux premières violences contre les juifs et des déplacements de camp en camp.

Rapidement l’intimité s’installe, les avis en apparence anodins ou les petites confidences rendant d’emblée le personnage attachant. La vieille dame indique ainsi par exemple que ses parents parlaient Yiddish, et qu’elle trouvait que ce dérivé de l’Allemand n’était pas joli. Elle témoigne de son enfance heureuse, avant de parler des premiers sièges du parti d’Hitler au parlement en 1931 et des livres que l’on brûle en 1933, et de son départ avec un de ses frères pour Paris. Et c’est avec une apparente sérénité, certes ponctuée de quelques moments où sa voix s’enraye, que Golda Maria raconte la fuite, l’exil, le manque de nourriture, la violence gratuite, le sadisme et la mort, le tout avec un recul saisissant.

De la sensation terrible de froid sous la douche après son arrestation, à la nécessité de se nourrir des ordures des soldats, elle explique l’indicible, et surtout parvient à parler de ce dont elle était incapable de parler à l’issue de la guerre. Et elle transforme surtout au passage de nombreuses anecdotes en des gestes d’une beauté incroyable, enserrés dans un contexte épouvantable. L’importance de sauver les enfants d’alors, déjà nés comme à naître, et celle de faire que ceux d’aujourd’hui ne voient plus jamais de telles atrocités, se fait aussi jour, au travers d’un récit non dénué d’humour (la remarque sur le numéro de prisonnier tatoué… pour que le grand-père ne la perde pas). Comme un pied de nez aux nazisme, le film vient de plus dresser élégamment, au générique de fin, un portrait rapide de toute la descendance de cette femme morte à 102 ans, qui livre ici un témoignage nécessaire, entrecoupé de photos et de films de famille.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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