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GHOSTLAND

Un film de Pascal Laugier

Pouvoir s'échapper

Une femme et ses deux filles, adolescentes, s’installent dans une maison occupée jusqu’à sa mort, par la sœur de la mère. Peu après, le camion de bombons qui les avait doublé lentement, un peu avant leur arrivée, et auquel l’une des filles avait fait un doigt d’honneur, entre dans la cour. Un molosse surgit alors, assomme la mère et traîne les deux filles par les cheveux, jusqu’à la cave…

Ghostland film image

S'ouvrant sur une citation d'Elizabeth Keller sur Lovecraft, "Ghostland" est un pur film d'horreur, un survival aux rebondissements inattendus, du genre qui vous cloue dans votre fauteuil, vous caresse dans le sens du poil, pour mieux vous asséner un nouveau coup de bambou. Tout juste auréolé du Grand Prix au Festival du film fantastique de Gérardmer 2018, ce film canadien, dans lequel apparaît la chanteuse française Mylène Farmer (elle donne tout dans le rôle de la mère et réussit à surprendre son monde), le film marquera sans doute les esprits et devrait en faire sursauter plus d'un.

Il faut dire que Pascal Laugier ("Saint Ange", "Martyrs") n'a pas son pareil pour concocter une ambiance pesante. Il fait d'un côté reposer la peur sur les agissements borderline des « méchants » : un molosse fasciné par les poupées, qui aime à sentir le sexe des filles, et un personnage filiforme s'habillant en femme... De leurs gestes ou mouvements peut surgir la pire des violences et le spectateur est donc sans arrêt sur ses gardes. D'un autre côté, sa mise en scène joue sur l'exiguïté des lieux, rend les silhouettes menaçantes, suggère la soumission ou le terrassement par un filmage au raz du sol, tandis qu'un gros son vient englober le tout, les effets sonores étant renforcés par la musique.

Côté scénario on à droit à une vraie rupture au bout de 48 minutes, nous faisant entrer presque dans un deuxième film. Et si le spectateur peut s'interroger dès le début, les pistes restent alors encore multiples, amenant le doute jusque dans la conclusion même du métrage. On saluera donc en "Ghostland" œuvre claustrophobique bien menée, qui allie effets d'un bon film d'horreur, suspense d'un thriller à tiroirs, interprétation habitée et équilibre entre le gore et une efficace suggestion.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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