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GARÇON STUPIDE

Un film de Lionel Baier

Une accumulation de clichés pour un film proprement affligeant

Loïc est un jeune homme qui partage un appartement avec Marie, une amie d’enfance, travaille le jour dans une fabrique de chocolat, et baise la nuit avec des inconnus de sexe masculin, qu’il a rencontré par internet. Un jour, il fait la connaissance de Lionel, qui pour une fois n’a pas envie de coucher avec lui…

Garçon Stupide commençait comme une sorte de journal intime filmé presque à l’insu du personnage principal. Le réalisateur s’échine en effet dans un premier temps à montrer son héros (ou blaireau), de manière peu flatteuse, tel un crétin illettré, incapable de tenir une conversation, interloqué par les mots qu’il ne comprend pas, perdu entre des pratiques de sexe facile, un métier chiant, et une envie d’autre chose (la photographie par téléphone portable ici). Il paraît au final plutôt désorienté, âge oblige me direz-vous. Certes, le passage où Loïc cherche dans le dictionnaire qui était Hitler, a de quoi faire rire, ou tout du moins inquiéter.

Mais une fois passée l’installation de personnages qui n’ont déjà rien de passionnant, le metteur en scène choisit de se lancer dans le symbolisme lourdaud, pour mieux amener son message d’espoir concernant l’évolution de l’individu. Et nous voilà à regarder des scènes de baise, en split screen, mises en parallèle avec des photos d’animaux empaillés, de loups aux crocs acérés. Certes, le sexe est cru, et l’homme baise comme une bête, mais on a l’avait compris tout seul. Surtout que lorsque la sodomie arrive, on a droit au squelette humain accroupi !

On croit alors pouvoir passer à autre chose. Et bien non, le voilà qui remet ça, le gamin piquant une colère parce que sa copine s’est trouvé un mec, il décide d’aller partouzer, forcément. Et c’est reparti pour le split screen, avec parallèle entre scènes d’orgie et mouvements de pistons et autres mécanismes de l’usine de chocolat où l’attardé travaille ! Un vrai poème. On se doute alors que le supplice n’est pas terminé, et voici que le réalisateur nous la rejoue Trainspotting, avec une scène – hommage qu film de Danny Boyle, où Loïc s’éloigne d’une manif, face caméra, musique en fond, avec en voix off ses flots de pensées, bourrées de clichés, et presque irritantes, où il se définie par la négative. Un exemple qui laisse pantois : « je ne veux pas être militant, car c’est à la mode », la manif contre le G8 en fond… La neutralité suisse n’est pas loin.

Mais ce qui étonne le plus c’est la contradiction inhérente à tout le discours, pourtant orienté vers sa propre conclusion : il ne veut pas être un garçon stupide. On voit en tous cas difficilement une quelconque personnalité émaner de celui-ci. Et comble de l’absurde, l’on nous assène enfin le coup de grâce avec la scène finale, où Loïc se retrouve dans une fête foraine, monde aux mille couleurs, plutôt loin du monde réel dans les faits. Sans transition aucune, il y rencontre un garçon charmant, symbole d’un avenir radieux et équilibré, à la façon d’une mauvaise comédie musicale, dans un bal de lumières et de regards échangés. Une fin ridicule de naïveté, et qui apparaît finalement quasiment hors contexte.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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