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THE GAMBLER

Un film de Ignas Jonynas

Efficace

Vincentas est médecin aux urgences. Accroc aux jeux et ayant des problèmes d'argent, il a l'idée de proposer à quelques collègues, de parier sur les patients risquant le plus de mourir. Peu à peu, alors qu'il se rapproche de Lena, une de ses collègues, sa petite affaire grossit et devient une véritable institution, à l'intérieur de l'hôpital, comme à l'extérieur...

Au centre de « The Gambler », il y a Vytautas Kaniušonis, acteur d'origine russe d'une cinquantaine d'années, imposant, au visage et physique carrés, et au regard aussi sournois que rassurant. Clé de voûte de ce film lituanien, il incarne à la perfection les contradictions qui traversent son personnage, de l'inconscience liée au jeu à l'absence apparente de morale, en passant par la volonté de protéger celle qui commence à compter dans sa vie. Plus que le jeu lui-même, dans son aspect malsain et immoral, dans les dérapages supposés qu'il pourrait entraîner (une piste intelligemment éludée par la scénario...), c'est finalement l'argent qui est visé ici, dans ce qu'il crée de dépendance (aux usuriers en tous genre, au moindre travail, au jeu...) et dans les possibilités qu'il offre ou bloque (l'accès au logement, aux soins pour l'enfant de Lena...).

En arrière plan se dessine d'ailleurs un portrait peu reluisant de la société lituanienne, avec propriétaires bailleurs sans scrupules, et employeur public désargenté dont les générosités sonnent comme du mépris (avec son diplôme de meilleur employé de l'année, Vincentas reçoit un Mug du Ministère de la santé, et 9 barres énergétiques !). Par une mise en scène à différentes vitesses, Ignas Jonynas tisse la toile du drame redouté, utilisant une caméra à l'épaule qui nous rapproche du documentaire et de l'urgence du métier de son héros, et trouvant dans des scènes au ralentis, des sortes de respirations ou d'immersions, amplifiées par une impressionnante bande son, qui marquent les moments où celui-ci surnage. Et cela donne au final, un troublant parcours où appât du gain et élans de générosité, amoralité et conscience, se confrontent pour finir par se confondre.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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