FOOD COOP

Un film de Tom Boothe

Éloge de l’esprit coopératif

À Brooklyn, le Park Slope Food Coop est un petit supermarché pas comme les autres. Entièrement autogéré par 16 000 personnes qui travaillent 2h45 par mois pour avoir le droit d’y acheter les meilleurs produits alimentaires à des prix imbattables. Il constitue un exemple de coopérative qui tranche avec les habitudes de la société américaine…

Pour ceux qui recherchent une alternative idéale au sein d’un système capitaliste qui peine à satisfaire les besoins de chacun, ce documentaire de Tom Boothe tombe à point nommé en remettant le principe de communauté et de travail coopératif au premier plan. Avec cet exemple épatant d’un supermarché réservé à ceux qui contribuent à le faire fonctionner, le réalisateur s’attache à révéler en détail chacun des composants de cette « microsociété » (car il s’agit un peu de ça, tout de même), où chacun participe à l’effort collectif, formant ainsi une chaîne de travail où la mixité et la sociabilité sont remises au premier plan. Plus le documentaire progresse dans son analyse et ses interviews, plus il réussit à convaincre son auditoire sur le besoin d’utiliser la Coop pour bâtir une nouvelle manière de proposer des produits naturels, de se nourrir sainement, de vivre sereinement en société, de nouer en permanence le contact avec l’autre et de redéfinir surtout l’esprit de démocratie, avec ce que cela implique de règles de vie et de conduite.

Concrètement, Tom Boothe réussit un sans-faute sur le propos abordé et sur les arguments déployés. Il se révèle hélas un peu moins abouti sur ses choix de montage : relativement décousu dans sa forme, passant d’un sujet à l’autre sans véritable souci de transition, "Food Coop" ne présente hélas qu’un intérêt cinématographique assez relatif, la seule idée de cinéma se limitant ici à encourager l’usage de sacs biodégradables sous la forme d’un petit film muet parodique – la scène n’est d’ailleurs pas spécialement drôle. Pour autant, il emporte constamment l’adhésion pour sa chaleur humaine, son enthousiasme vis-à-vis d’une expérience sociale qui se veut communicative au possible, et les réflexions structurées qui émanent de chacun des intervenants. Du coup, une question se pose fatalement : à quand un projet comme celui-ci en France ? Que l’on se rassure, c’est déjà prévu, et ça risque même de se développer à vitesse grand V : en effet, à l’heure où nous rédigeons ces lignes, un projet de supermarché parisien basé sur le même principe, intitulé La Louve, comprenant près de 2 000 membres, devrait ouvrir ses portes à l’automne 2016…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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