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FLORE

Un film de
Avec

Une ode hypnotique à la vie

Les documentaires traitant de la maladie d’Alzheimer, on pensait en avoir déjà vu pas mal, surtout à la télévision. Mais celui de Jean-Albert Lièvre tranche d’emblée avec tout ce que l’on pourrait en attendre, et dévoile en seulement quelques plans de sérieux atouts pour transcender l’exploitation du sujet sur grand écran. Ici, aucun déroulé explicatif sur les effets terribles de cette maladie (une image vaut mille mots, comme on dit…), aucune propension à la facilité du tire-larmes, aucune obscénité dans la capture des conditions physiques et psychologiques du malade. L’objectif de "Flore" est moins d’expliquer en détail Alzheimer que de s’en servir comme point de départ d’une véritable ode à la vie, d’un film qui utilise tous les moyens du cinéma pour refléter un désir de vie, une pulsion absolue qui illumine chaque élément de l’existence et qui transcende en permanence la moindre douleur. Le tout avec une voix off qui sert de voix off en même temps qu’elle installe un dialogue touchant entre deux êtres qui ne peuvent vivre l’un sans l’autre.

À première vue, le résultat possède pourtant de quoi dérouter en raison d’un aspect très rafistolé, lequel résulte sans doute des nombreux formats vidéo utilisés par le cinéaste durant plus de six ans (du téléphone portable au grand angle en passant par la vidéo HD). Il y aura aussi les choix musicaux du cinéaste qui, assez omniprésents sur l’ensemble du métrage, pourront sembler envahissants. Sauf que chacun d’eux sert à merveille la tonalité planante et hypnotique d’un montage riche en idées de cinéma. Floutage des visages, plans cosmogoniques, ralentis/accélérés, superpositions d’images, capture d’une action à six images/seconde, pure élégie de la nature sauvage : Lièvre déploie une mise en scène sensorielle qui aide à épouser un état de conscience décalée en même temps qu’elle offre de poser un regard nouveau sur le monde. On vit ce film comme on imagine Flore émerveillée devant une totale redécouverte du monde extérieur, aussi bien ce qui lui est proche que ce qui lui semble à perte de vue. Épaulée par ses proches et un personnel adapté, un horizon s’ouvre alors vers elle, avec le soleil en face d’elle. Ce plan, l’un des derniers de ce film magnifique, on ne peut pas l’oublier. Il reste gravé.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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