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FLANDRES

 

POUR : Champ de bataille et champs en campagne : la vie à l’état brut

De nos jours, dans les Flandres, Demester et de jeunes gars du pays partent soldats dans un conflit lointain. Amoureux de la jeune Barbe, Demester supportait ses moeurs étranges et ses amants. Attendant les soldats, seule en Flandres, Barbe dépérit. Face à ce conflit, Demester se transforme en guerrier. Tragiquement, la guerre exacerbera les sentiments et les liens de ces deux êtres, les menant aux extrémités de leur condition...

Les Flandres, région de campagne profonde. Les visages marqués des habitants, les décors agricoles et ruraux, et l’accent si particulier de ces paysans s’imposent à nous durant la première partie du film. On y découvre ainsi Barbe, jeune adolescente, entourée de ses deux hommes : Demester son ami d’enfance, secrètement amoureux d’elle, et Blondel son nouvel amant qui la mettra rapidement enceinte.

Mais une guerre sans nom séparera Barbe et ses hommes qui revêtiront tous les deux le costume militaire. Direction une toute autre vie. Une vie de guerre, de désert, de sable, d’armes mortelles, de solitude en groupe, de peur et d’espoir de retrouver le calme et la plénitude des Flandres. Mais l’espoir sera vain pour beaucoup. Bruno Dumont, scénariste et réalisateur, montre la guerre de manière brute, sauvage, meurtrière et qui ne laisse aucune place aux beaux et bons sentiments. Même l’amour devient viol. Un climat, qui malgré son soleil de plomb, en refroidira plus d’un.

Et si le bonheur n’est pas le désert, il n’est pas non plus dans le pré. En Flandres, Dumont n’oublie pas celle qui attend le retour de ses deux hommes. Et comme mises en parallèle, le réalisateur ausculte ces deux nouvelles vies, à la fois éloignées et très proches : au combat, des enfants tués de leurs propres mains, en Flandres, un avortement ; au combat, être fait prisonnier et endurer les pires tortures, en Flandres, se faire interner en hôpital psychiatrique et subir de lourds traitements… De chaque côté, la souffrance, forte, forge. Et Dumont ne l’abrège que dans les dernières minutes de son film. Il laisse ainsi s’échapper quelques lueurs d’espoir avant que le générique de fin ne défile sous nos yeux, silencieux, laissant le spectateur s’interroger : y’a-t-il même eu un seul morceau de musique durant tout le film ?!

Ce Grand prix au dernier festival de Cannes prend aujourd’hui une dimension nouvelle renvoyant en écho les drames humains du conflit israléo-libanais.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

Quelques années après son Grand prix du jury contesté mais mérité pour "L'humanité", Brunot Dumont est revenu cette année à Cannes pour y gagner le Grand prix du jury, une nouvelle fois. Si j'avais été parmi les rares à défendre cette "humanité", pour sa dureté, sa longueur exigeante et un dénouement sacrificiel d'une puissance hors du commun, je suis le premier surpris par l'accueil fait à Flandres, montagne d'ennui et d'esbrouffe.

Alors certes le contraste entre Flandres verdoyante et terres arides soumises au conflit est saisissant. Certes l'histoire est d'une simplicité déconcertante, mais l'on peut s'interroger sur ce qui fait l'essence des personnages de Dumont. Entre désoeuvrés, paysans au mutisme assourdissant, bêtise du rapport à l'autre, ses anti-héros ne varient jamais et l'auteur s'amuse à dénuder leur existence, certes pour mieux s'intéresser à leur devenir, mais aussi pour gommer le moindre signe d'envie, même le sexe devenant mécanique.

Alors comme dans "L'humanité" on s'ennui. On s'insurge des cruautés et injustices de la guerre, mais cela ne suffit pas à passionner, d'autant que le coté mystique que Dumont nous ressert vers la fin (les visions de la fille, internée...) ne fonctionnent cette fois-ci nullement, laissant toute émotion sur le coté.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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