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ET J'AIME À LA FUREUR

Un film de André Bonzel

Fureur de vivre et ivresse de fureteur

Depuis son enfance, André Bonzel récolte et collectionne des bobines de films amateurs. Avec celles-ci et avec les archives de sa propre famille, il reconstitue sa propre histoire et sa propre filiation en interrogeant plus largement ce besoin de filmer qui anime tant de gens…

Et j'aime à la fureur film documentaire documentary movie

« La meilleure chose à propos des souvenirs, c'est de pouvoir en inventer », clame malicieusement André Bonzel dans ce documentaire aux apparences autobiographiques. On n’est donc jamais vraiment certain du degré de vérité dans tout ce qu’il raconte mais ça n’empêche étonnamment pas la sincérité de sa démarche – somme toute très transparente – et encore moins la fascination que son film exerce sur le public.

Ainsi, avec une grande intelligence et un mélange d’humour et de tendresse, André Bonzel interroge la mémoire et ses illusions, l'inconscient, l'artificialité des images amateurs (une « vaine tentative d'arrêter le temps » qui pousse à ne filmer que les moments heureux), l’importance des premières fois qui « marquent à jamais », les envies et les regrets… "Et j’aime à la fureur" est un captivant patchwork qui réexplore le genre du found footage en mêlant archives personnelles et familiales du réalisateur avec celles d’inconnus mais aussi avec des extraits de films comme "Le Mécano de la Générale", tantôt avec une façon (plutôt classique) d’illustrer la narration, tantôt avec une sorte de jeu des correspondances. Le réalisateur saupoudre aussi son film de fantasmes assumés, ici avec une espiègle métaphore éjaculatoire, là avec le récit de ses désirs de jeunesse, là encore avec un extrait des "Arroseuses arrosées", parodie érotique de "L’Arroseur arrosé" réalisée par un de ses ancêtres. Et Bonzel intègre également des images du tournage de "C’est arrivé près de chez vous" (son unique autre film sorti au cinéma, 30 ans avant celui-ci !), profitant de l’occasion pour rendre hommage au regretté Rémy Belvaux.

Le résultat est virevoltant et André Bonzel se présente comme le « maillon d'une longue chaîne invisible » dont on a l’impression de faire partie aussi tant il y a dans ce film, malgré les particularités, les moments rares et les situations exceptionnelles, un souffle étonnamment universel. « Après tout, les histoires de famille se ressemblent », affirme d’ailleurs André Bonzel dans son commentaire. Au final, "Et j’aime à la fureur", par ailleurs bien servi par la musique originale de Benjamin Biolay alliant joie et nostalgie, est un bel hommage à la puissance cinématographique mais c’est plus largement une véritable déclaration d’amour humaniste que propose le réalisateur, qui estime que ce qui compte au-delà de tout, ce sont les gens qu'on a aimés.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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