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EPILOGUE

Un film de Amir Manor

Quand un couple de militants regarde en arrière

Berl, 84 ans, et Hayuta, 80 ans, vivent en Israël dans leur appartement. Du fait de leur grand âge, ils doivent subir un contrôle de la sécurité sociale, supposée évaluer leur niveau de dépendance. Leur maintien dans leur appartement est en balance...

L'introduction du film est éprouvante. Le réalisateur pose ainsi le contexte, faisant durer la scène du contrôle médical, et ne nous épargne pas le moindre détail. Questionnaire humiliant, exercices d’arithmétique pour enfants, mouvements physiques non moins dégradants, intimité bafouée, Amir Manor donne d'emblée à voir les bases d'une fin de vie dont le quotidien est amené à être de plus en plus difficile, où l'argent manque, mais l'honneur tente d'être sauvegardé, aux yeux des proches comme du monde extérieur.

Et la vie de Hayuta et Berl impose ainsi jusqu'à son rythme, devenu lent, au long métrage lui-même, qui sans être contemplatif, adopte le pas de ces deux captivants octogénaires. Nous invitant de prime abord dans leur environnement fait de coupures de presse sur leurs vitres, de bols pleins de piles usagées ou d'un téléviseur en panne jamais réparé, on sent très vite que les habitudes de vie ne sont plus ce qu'elles étaient, et que la moindre sortie est devenue un événement. Et c'est justement à l'une de leurs dernières que nous invite l'auteur.

"Epilogue" n'est pas seulement l'histoire d'un couple de personnes âgées, c'est aussi en fond le chant du cygne d'une certaine idée de la société israélienne. Berl l'exprime à la manière d'une obsession radoteuse, il s'est battu pour l'aide sociale et la solidarité, et le fera jusqu'au bout. Hayuta, elle, ne semble plus y croire, préférant s'évader devant un film, et exprimer ainsi d'autres émotions que la rancœur. Livrant chacun leur dernière bataille pour un monde plus égalitaire ou plus humain, ces deux vieillards touchent par leur espoir intact. Leurs deux portraits s'entrecroisent avec amour, sous le regard bienveillant d'Amir Manor, un réalisateur à suivre.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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