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DREAM

Un film de Kim Ki-duk

Gignolesque

Un artiste, isolé dans son atelier, rêve qu’il est au volant de son véhicule et qu’il provoque un accident de la route. Réveillé en sursaut et assailli d’un mauvais pressentiment, il se rend en pleine nuit sur les lieux dont il a rêvé, et constate qu’un accident a bien eu lieu. C’est une jeune femme somnambule qui l’a provoqué. Convaincu qu’elle est l’exécutante malgré elle de tous ses rêves, il se rend avec elle chez une psychiatre, afin de comprendre l’étrange lien qui les unit…

Le nouveau film de Kim Ki-Duk est une déception pour trois raisons : la première relève de sa mise en scène fade, faussement épurée, qui use et abuse d’effets désuets (le recours au ralenti saccadé pour les scènes de rêve en est un triste exemple). La deuxième concerne le scénario et les détours absurdes qu’il prend. L’idée de départ est pourtant intéressante : un homme quitté par sa femme se retrouve psychiquement lié à une autre, qui a elle-même quitté son homme pour des raisons similaires.

Hélas, le lot d’invraisemblances et les sommets guignolesques qui en découlent suscitent la perplexité tout au long du film, finissant très vite par rompre le charme annoncé au début. Le troisième défaut, enfin, est directement induit pas l’interprétation des acteurs. Flanqués d’apparitions qui frisent le ridicule (surtout vers la fin), ils ne parviennent pas à insuffler au film la poésie et la dimension allégorique que celui-ci revendique.

Vous l’aurez compris, “Dream” n’a d’intérêt que celui d’être un navet exotique (le héros est coréen mais s’exprime en japonais), qui ne doute de rien (cf. certaines répliques cultes de la psychiatre) et qui, à défaut de séduire par sa folie douce, occasionnera chez le spectateur quelques bons éclats de rire, tant le film devient ridicule à mesure que les personnages évoluent. On n’est pas près d’oublier ces scènes où le protagoniste, résolu à préserver sa nouvelle amie, tente de se maintenir éveillé par tous les moyens (sauf ceux qui nous viendraient raisonnablement à l’esprit, évidemment), pour s’empêcher de dormir.

Un point positif malgré tout : l’enlisement du film le fait passer à un stade supérieur, celui de l’ovni total, qui s’assume jusqu’au bout. Les dernières minutes du film n’hésitent pas à emprunter une figure allégorique de la mythologie chinoise pour matérialiser les notions de vie, d’amour et de mort (rien que ça), et marquer avec grâce la fin de toute une mascarade. Chapeau.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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