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DJ CENDRILLON

Une sympathique relecture pour ados

Après la révélation publique de la relation adultère de son père lors d’une fête et la séparation de ses parents qui s’ensuit, la jeune Cíntia Dorella ne se fait plus d’illusion sur l’amour mais elle continue de croire en ses propres rêves d’ado : devenir DJ. Deux ans après cette fête qui a chamboulé sa vie, une rencontre va bousculer ses certitudes et sa nouvelle belle-mère va tout faire pour lui barrer la route…

Sortie le 14 juillet 2020 sur Netflix

Au cinéma ou ailleurs, les adaptations plus ou moins fidèles de "Cendrillon" sont légion, dans des genres très variés. Cette version brésilienne se tourne du côté de la comédie romantique et du teen movie en transposant le conte à notre époque. On pourrait se dire : rien de vraiment nouveau sous le soleil. Pourtant, malgré de nombreuses imperfections, "DJ Cendrillon" a quelque chose de rafraîchissant.

Le scénario n’est certes pas convaincant sur tous les points. Parmi les faiblesses, citons le personnage du père, dont on peine à cerner la mentalité et les intentions, ou encore les prétextes souvent bancals qui conduisent l’héroïne ne pas pouvoir (ou vouloir) utiliser son portable ou les réseaux sociaux pour communiquer avec d’autres protagonistes qui pourraient théoriquement la tirer d’un mauvais pas ! Cependant, il est assez flagrant que le récit ne cherche pas à être réaliste, donc c’est au public de faire le choix : accepter ou non les exagérations ou incohérences. Notons d’ailleurs que, même avec un cadre contemporain et des situations plus ou moins rationnelles (en tout cas sans magie), cela demeure un conte merveilleux, donc on peut se passer d’une complète crédibilité.

Surtout que le principal intérêt de ce long métrage réside dans les références au conte d’origine, que l’on se plaît à déceler. Si certaines idées ne sont guère surprenantes (comme le coup de la chaussure perdue), d’autres sont plus amusantes ou enthousiasmantes, surtout quand le scénario parvient à s’écarter un peu plus de l’œuvre de départ. C’est par exemple le cas de tout ce qui remplace les éléments magiques : la fée marraine n’ayant ni pouvoir ni formule magique, elle devient une tante excentrique et iconoclaste qui débite de la poésie concrète (dont la signification reste très obscure pour tous les autres personnages) et qui « transforme » les animaux d’une façon originale en baptisant par exemple son chat « Chien » ! D’autre part, le scénario parvient à éviter une transposition chronologique stricte et bien des aspects diffèrent du conte, notamment en termes de comportements des protagonistes. Ainsi, les parents de Cendrillon (ou plutôt de Cíntia Dorella) ne meurent pas et les deux belles-sœurs s’avèrent très différentes, l’une d’elles affirmant sa « normalité », ce qui lui vaut moqueries et mépris de la part de sa sœur et de leur daronne, lesquelles vénèrent au contraire le succès, les coups bas ou l’artificialité des apparences.

Sous des airs de divertissement un peu neuneu, et malgré une mise en scène qui ne casse pas trois pattes à un canard, "DJ Cendrillon" surprend donc par ses touches d’originalités drôles et/ou pertinentes qui permettent au public de voir autre chose qu’une romance acidulée.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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