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DIVERGENTE

Un film de Neil Burger
Avec Jai Courtney...
 

Demain est un autre jour

Au cœur d'une Chicago futuriste méconnaissable, Beatrice, alias Tris, est en âge de choisir sa destinée. La société dans laquelle elle vit se divise en cinq factions : les Audacieux, les Sincères, les Altruistes, les Erudits et les Fraternels. Chaque maison a sa propre fonction au sein de la collectivité. C'est un choix déchirant pour Tris qui ne semble appartenir à aucune. Après un test décisif, elle apprend qu'elle est différente. Elle est une Divergente. Pour survivre, elle va devoir cacher à ses proches la vérité et choisit de se faire passer pour une véritable Audacieuse. D'autant plus que la guerre menace d'exploser entre les factions avides de pouvoir...

Comment ne pas comparer ce nouveau blockbuster made in USA à la saga "Hunger Games" ? D'avance, le parallèle était inévitable. Si l'histoire n'est pas la même, de nombreux points communs subsistent. La figure de l'héroïne combative en est le premier point. La jeune fille devient femme grâce à ce qui lui arrive. Elle doit trouver sa voie au sein d'un système censé protéger de la guerre. Indépendante, elle se révolte et ose protester. De plus, les combats multiples s'enchainent avec une cascade d'hématomes. L'image de la femme se révèle forte et insolente. Après chaque coup, Tris se relève et prouve à tout à chacun que malgré sa place originelle, elle peut devenir quelqu'un d'autre telle qu'une Audacieuse. Une nouvelle fois, un roman best-seller est à l'origine de ce long-métrage qui est le premier d'une série. Ce récit de science-fiction est né dans l'esprit de Veronica Roth, à tout juste 25 ans. Illinoise par naissance, c'est tout naturellement qu'elle a choisi Chicago comme théâtre de son histoire. Dans une sorte de fin du monde, le récit montre l'être humain tel qu'il est, avec ses failles (la trahison de ses amis proches), mais également sa faculté d'autodestruction.

Après "L’Illusionniste" et "Lucky Ones", c'est Neil Burger qui a pris en charge la mise en scène de ce premier film. Cet ex-concepteur de spots publicitaires n'en est pas à sa première adaptation. En effet, cet américain a dirigé Bradley Cooper et Robert De Niro en 2011 dans "Limitless". Les acteurs sont à l'image des personnages qu'ils interprètent : beaux et insolents. On reconnait la jeune Shailene Woodley qui commence à se faire un nom après avoir donné la réplique à Georges Clooney dans "The Descendants" d'Alexander Payne, mais qui a longtemps été aperçue dans des séries TV policières. Que dire de Kate Winslet, qu'on ne présente plus ? L'Anglaise bascule du côté des forces du mal grâce à ce rôle de Jeanine Matthews. Cette parenthèse est positive et c'est avec plaisir que l'on retrouve cette comédienne si naturelle pleine de charme.

La bande originale est explosive et à 100% dans l'air du temps : Woodkid, Snow Patrol, M83, Ellie Goulding et Zedd, pour ne citer qu'eux, apportent une signature contemporaine et dynamique. La musique tient une place importante dans la finalité de l'œuvre. Elle reflète le tempérament des personnages et les accompagne dans leur destinée. "Divergente" est à la hauteur de ce qui se fait dans le genre aujourd'hui. Comme un Roméo et Juliette des temps modernes, les sujets abordés comme l'acceptation de soi, la différence (bien que peu approfondie), la vaillance et l'opposition sont des thèmes dans lesquels se retrouvent les adolescents actuels. À la surface, le film est distrayant et plutôt bien réussi malgré quelques longueurs ainsi qu'une niaiserie assumée. On entre très vite dans cet univers destroy où braver les interdits, les peurs au nom de l'amour pour la famille et les amis est primordial. Pourtant, il manque cruellement de profondeur et de personnalité. On ressent trop une envie de faire comme les autres parce que cela fonctionne. La guerre, la prise de pouvoir ainsi que le racisme font également la matière de "Divergente" mais malheureusement de manière maladroite. Bien qu'efficace par son scénario, "Divergente" a un arrière-goût de déjà vu et s'adresse majoritairement à un public jeune.

Chloé HugonnencEnvoyer un message au rédacteur

Si "Hunger Games" et "Twilight" avaient eu un enfant, son test d'aptitude aurait sûrement eu comme résultat "Divergente". Voici donc la nouvelle tentative de franchise pour ados tout droit venu des studios hollywoodiens. Un blockbuster sans cerveau, adapté du premier roman d'une série de trois, signés Veronica Roth, mêlant aventure, romance annoncée et combats, et faisant appel aux instincts de rébellion des ados, confrontés à leurs premiers choix de vie et à tout un tas d'interrogations sur leur propre identité, l'influence des parents et leur place dans le monde.

Psychologie à deux balles, qui envoie clair et net le message que pour devenir un être humain parfaitement accompli, il faut avoir en soi un peu des 5 communautés qui composent le monde ultra-codifié de "Divergente". Nul doute que chacun de nous est à la fois altruiste, audacieux, érudit, sincère et fraternel. Mais passée la découverte de ce principe, il faut bien dire que le récit est longuet et l'intrigue si peu originale. Car le scénario reprend presque pas à pas les mêmes étapes que dans le premier "Hunger Games" (scission quasi involontaire avec les parents, entraînement pour survivre, alliance avec un possible compagnon...) et les mêmes enjeux sous-jacents (paix préservée au profit d'une approche totalitaire de la gestion des relations entre communautés, besoin de cacher sa vraie nature pour survivre...).

Si certains y verront une parabole sur l'homosexualité ou le racisme, celle-ci reste minimale, et c'est à un festival de scènes de baston que l'on assiste, le seul enjeu consistant à remonter dans le classement pour se faire accepter (belle parabole sur la nécessité de réussite, dont le scénario oublie hypocritement au final le résultat pour ceux qui sont en dessous de la barre... et donc éliminés). Reste une flopée de décors intrigants que l'on visite sans déplaisir (baraquements des Altruistes, fosse des Audacieux entre carrière et ruines industrielles, éoliennes greffées sur des restes d'immeubles, enceinte étrange...), qui réussissent à concocter un minimum d'ambiance et à apporter un minimum de frissons (lors de la traversée de la ville suspendu à la corde notamment...).

Mais pour assurer le spectacle et donner un peu de crédibilité à l'entreprise, encore aurait-il fallu choisir une interprète principale qui fasse passer un minimum d'émotion. Ce n'est malheureusement pas le cas de Shailene Woodley, qui assure ici le strict minimum, alternant entre deux expressions, un air mélangeant la surprise avec un soupçon d'inquiétude, et un sourire en coin signifiant sa satisfaction de flirter avec l'interdit ou ce qu'elle croyait ne pouvoir réaliser. Espérons que le second épisode lui donnera un peu plus d'épaisseur, tout comme au reste des personnages. Et que c'est bien ce monde que nous pourrons enfin découvrir, et non des visions multiples et imbriquées qui permettent surtout de ne pas s'intéresser au fond, en ménageant un faux suspense. Et si quand je vois mon reflet quelque part, je me disais « ce n'est pas réel »... ?

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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