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LE DERNIER VOYAGE DE TANYA

Le deuil comme parcours

Dans une petite ville de Russie, un homme ayant perdu sa femme, demande à l'un de ses collègues et amis, de l'accompagner dans un voyage de trois jours pour emmener le corps dans un autre lieu...

"Silent souls" (en français « Le dernier voyage de Tanya ») commence dans une ville oubliée, là où les ponts sont restés flottants et arborent des planches à la solidité incertaine, là où les usines sont en ruines et les escaliers rouillés. Au beau milieu de ces paysages dégradés subsistent encore des êtres de chair et de sang, qui vivent surtout de leurs souvenirs, ici ceux d'une femme disparus, ou ceux d'un père complice. Ce film russe, présenté en compétition au Festival de Venise 2010 et reparti bredouille alors qu'il était l'un des favoris est empreint d'une étrange atmosphère, qui doit autant à ses deux personnages principaux, ayant tous deux aimé la même femme, qu'au mélange entre présent et souvenirs.

Adapté par le romancier Denis Ossokine et inspiré de la culture Méria, peuple finno-ougrien (originaire de Finlande et Hongrie), et assimilé par les russes depuis le 16ème siècle donne à voir de nombreuses traditions locales, qu'elles soient liées au couple ou au deuil. Retraçant grâce à la voix-off du personnage principal, les souvenirs les plus intimes et secrets de son ami, récemment devenu veuf, l'auteur magnifie le souvenir de cette femme aujourd'hui emportée par la mort. C'est le regard que les deux hommes amoureux portent sur elle qui est ici dévoilé, avec une pudeur extrême, presque surréaliste.

Après une longue scène de nettoyage du corps de la dame, ceux-ci l'embarquent dans un périple fait d'une douleur qui deviendra peu à peu tendresse. Présentant méticuleusement, au fil de leur parcours, et sous forme de flash-back, leurs souvenirs réciproques parmi les plus chers, "Le dernier voyage de Tanya" surprend (voir l'étrange coutume qui consistait à attacher des cordons de couleur aux poils pubiens de la femme, avant sa nuit de noce) et réussit doucement à émouvoir.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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