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LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES

Un film de Breck Eisner

On espère bien que ce sera le dernier…

Il y a 800 ans, Kaulder était un chasseur de sorcières qui, lors d’un assaut suicidaire contre le repère de leur reine, avait réussi à vaincre cette espèce. Mais éliminer la reine n’a pas été sans conséquence fatale : depuis ce jour, l’immortalité est devenue son fardeau. Aujourd’hui, la trêve entre les humains et les sorcières a été déclarée, et toute magie noire est prohibée. Membre d’une confrérie secrète visant à garantir la longévité de cette trêve, Kaulder continue malgré tout de combattre les sorcières insoumises. Mais lorsque son mentor est assassiné, la guerre semble reprendre et un nouveau fléau menace de s’abattre sur le monde…

Il y a déjà quelques semaines, les rumeurs d’une bouse cataclysmique se propageaient comme une nuée de mouches tueuses au-dessus des buildings de New York. La prophétie s’est donc concrétisée, et ce n’est pas avec cette grosse série Z hypertrophiée et ridicule à souhait que Vin Diesel va redorer son blason. Car cet acteur bovin à l’égo surdimensionné, qui est au cinéma ce que Kanye West est à la musique, n’en finit pas de survendre son image d’acteur cool et investi à grands renforts de déclarations égotiques, voire parfois édifiantes (« "Fast & Furious 7" va gagner l’Oscar du meilleur film »… euh ?!?), tout en continuant film après film à trahir les espoirs que certains avaient placé en lui. Même si la franchise "Fast & Furious" lui assure toujours une certaine aura, le reste de sa filmo récente a de quoi friser la déconfiture pure et simple. Le dernier portnawak torché par Breck Eisner (oui, c’est le fils de Michael) lui permet d’ores et déjà d’empiéter sur les plates-bandes d’un Nicolas Cage des mauvais jours. Aïe.

Du côté de la trame narrative, on pourrait faire simple en disant qu’un ancien chasseur de sorcières a troqué sa barbe à tresses du XIIe siècle pour une boule à zéro très à la mode, qu’il désire se venger d’un colosse barbu – évoquant plus un chanteur de métal finlandais qu’autre chose – qui a zigouillé son mentor, et qu’il est assisté dans sa quête par une gothique qui peut investir les pensées des gens et par un jeune prêtre aussi trouillard que Frodon Sacquet (d’ailleurs, c’est le même acteur). Du côté du scénario, cette trame se transforme en gros portnawak insensé, où les règles de l’univers semblent s’écrire en fonction de la nécessité à tracer la destinée du héros sans trop se fouler. Déjà que Vin passe la moitié du film à parler en restant assis et l’autre moitié à se battre avec l’énergie d’un Steven Seagal en train de digérer son troisième repas de la journée, l’affaire est plutôt mal barrée. Mais quand, en plus, ce scénario à la "Highlander" se contente de recycler naïvement l’éternel canevas inquisiteur à la sauce "Underworld" du pauvre, le tout à travers une imagerie gothique qui ravira les amateurs de bracelets cloutés et de maquillage au charbon, là, ça devient juste ridicule.

Si l’on ajoute à cela que les pouvoirs de sorcières se comptent ici sur les doigts d’une main et que la majorité des effets spéciaux – abominablement hideux – consistent à voir Vin Diesel largué dans des trips hallucinatoires d’une laideur effarante ou dans des flash-back intégrés n’importe comment à l’intrigue, le spectacle offert n’incite qu’aux bâillements répétés. Tout comme le reste du casting semble avoir accepté le projet uniquement pour le chèque, en particulier un Elijah Wood plus mauvais que jamais, une Rose Leslie insignifiante, et un Michael Caine sans doute payé une somme rondelette pour rester allongé les trois quarts du film et pour sortir deux blagues Carambar avant la fin. Dans l’idéal, on aurait pu rêver que cette équation aberrante suffise à nous garantir 1h47 de nanardise aiguë, mais non, désolé, c’est vraiment trop chiant. Au moins, le gigantesque bide du film au box-office semble faire du titre une promesse gravée dans la pierre. C’est toujours ça de gagné.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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