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DE TOUTES MES FORCES

Un film de Chad Chenouga

Une coquille vide

Nassim est un lycéen dont la mère est bientôt victime de sa profonde dépression. Orphelin, le jeune est placé en foyer mais fait croire à ses amis qu’il a été recueilli par son oncle…

Ce film d’adolescents qui se passe principalement dans un foyer arrive trop tard et souffre cruellement de la comparaison avec ceux qui l’ont précédé. On pense au magnifique "States of Grace" ou au plus récent "Ma vie de Courgette" filmé en stop-motion. Des longs métrages qui avaient une justesse d’écriture, une précision de mise en scène et qui traitaient leur sujet avec une vraie profondeur. Ce n’est malheureusement pas le cas de ce nouveau film de Chad Chenouga qui s’est inspiré de sa propre expérience pour écrire l’histoire de Nassim.

Si l’intention est là, le pari n’est en revanche pas gagné. Pourtant le film réussit quelques – mais rares – beaux moments, comme lorsque les jeunes rassemblés se retrouvent en mode shopping ou battle de danse. L’énergie des comédiens est alors parfaitement exploitée. Certains seconds rôles sont d’ailleurs les principaux points forts du film. À l’image de Zawady qui tente des études de médecine ou de Kevin qui joue les gros durs, ces jeunes laissent transpirer autre chose que le rôle qu’on veut bien leur donner. Sauf que ce n’est pas beaucoup le cas du personnage central du film, Nassim.

Le problème vient donc principalement de lui. Nassim est si opaque, si mystérieux et si hermétique, qu’il en vient rapidement à agacer le spectateur le plus zen de la salle. Ce menteur professionnel, qui ne se remet pas de la perte de sa mère, avec un brin de culpabilité non avoué et non assumé – du moins au début du film –, abuse de la gentillesse des gens qui l’entourent et n’en fait qu’à sa tête. Il joue un rôle face à tous ses camarades, ses profs, le personnel du centre et lui-même… Sauf que Khaled Alouach qui interprète le personnage le fait sans grand charisme ni véritable profondeur, le tout dans un scénario aussi pêchu qu’un encéphalogramme plat… Et ce n’est pas Yolande Moreau, parfaite en directrice de foyer, attachante comme toujours, qui insufflera suffisamment de coeur à ce film qui a très tôt perdu toutes ses forces…

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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