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DANS UN RECOIN DE CE MONDE

Un film de Sunao Katabuchi

Une bouleversante évocation de la vie en temps de guerre

En 1944, la jeune Suzu quitte Hiroshima pour son mariage et s’installe à Kure, un port militaire, dans la famille de son mari. La guerre rend le quotidien de plus en plus difficile…

Prix du jury au Festival d'Annecy 2017, "Dans un recoin de ce monde", adaptation du manga signé Fumiyo Kono par le réalisateur japonais Sunao Katabuchi ("Mai Mai miracle", a particulièrement marqué les esprits des festivaliers. Evocation d'une plongée progressive au cœur de la guerre, le scénario se concentre sur le personnage complexe de Suzu, jeune femme ballottée entre un ami d'enfance dont elle a secrètement rêvé et un autre qu'elle épousera et aimera malgré tout.

Débutant par des scènes d’enfances situées en 1935, montrant la magie des lieux et des paysages, le film dépeint une certaine douceur de vivre et le goût de son héroïne pour le dessin et la peinture (qui s’anime elle-même parfois). Puis, à partir de l’installation dans la belle famille, il s’attache à décrire un quotidien enjolivé par de petites choses, ceci avec un humour toujours délicat. Évoquant aussi bien la première nuit avec un homme que la recette pour faire grossir les grains de riz, le scénario nous plonge par petites touches au cœur de la guerre, de ses privations et ses drames, vus du côté des civils.

Avec une finesse inouïe, sur fond de décors bucoliques peints, Sunao Katabuchi s’attache au quotidien qui persiste alors que le danger se rapproche. Mêlant les destins de multiples personnages, évoquant discrètement l'exile et la prostitution, le film manie des doses légères de magie et de poésie, ceci même dans les pires moments, où l'animation change soudain de style, passant sur fond noir ou grossissant le trait du décors. Et même dans l’horreur des bombardements, de bunker en hôpital, d’évacuation en incendie, c’est toujours l’humanité des personnages qui transparaît. On ressort alors du film la gorge nouée, empli d'un mélange d'espoir et de détresse, des larmes au bord des yeux. Un coup de maître.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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