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CYRILLE, AGRICULTEUR, 30 ANS, 20 VACHES, DU LAIT, DU BEURRE, DES DETTES

Un film de Rodolphe Marconi

Un regard émouvant et nécessaire sur la solitude paysanne

Cyrille est un jeune éleveur de vaches laitières en Auvergne. Son activité ne lui laisse aucun répit et s’avère de plus en plus insoutenable financièrement…

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À une époque où certaines personnes semblent se préoccuper bien plus du bien-être animal que du sort de leurs congénères humains, "Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes" (qui rejoint au passage la famille des titres à rallonge de l’histoire du cinéma !) vient rappeler à la fois que les petits paysans respectent leurs bêtes et que la société ne valorise pas suffisamment ces gens sans lesquels nous ne pourrions tout simplement pas nous nourrir !

Partant d’une rencontre fortuite qu’il explique en voix off durant l’introduction, Rodolphe Marconi (auteur de son deuxième long métrage documentaire après "Lagerfeld Confidentiel" en 2007) filme la rudesse et la précarité du monde paysan en suivant le quotidien de Cyrille, un jeune éleveur bovin auvergnat. Même si l’on vit dans un territoire rural non loin d’agriculteurs comme lui, on peine à prendre pleinement conscience des complications multiples et variées auxquelles ces professionnels font face. "Cyrille, agriculteur, 30 ans…" est donc un documentaire fondamental qui devrait réveiller les pouvoirs publics à propos de situations clairement indécentes, indignes d’un pays prétendument développé.

Avec douceur et empathie, Rodolphe Marconi brosse le portrait d’un jeune homme touchant, qui aime son métier mais lutte à chaque instant pour garder la foi face à la dégradation de ses conditions de vie et de travail, devant même exercer une activité annexe de serveur-plongeur dans un restaurant pour espérer joindre les deux bouts. Les échanges avec l’association Solidarité Paysans sont des lueurs humanistes insuffisantes, mettant en exergue l’absence de solidarité à plus grande échelle, donc l’incapacité de la société à traiter dignement ses agriculteurs quand la logique unique semble être la rentabilité.

Plus largement, se pose la question de la solitude. Cyrille passe plus de temps avec ses animaux qu’avec d’autres êtres humains, leur parlant avec tendresse et pleurant la mort de ses bêtes. Le décès de sa mère le pèse, la relation avec son père est ardue, et la vie ne lui permet guère de faire des rencontres. Au détour d’une conversation avec un ami, on comprend aussi que les deux hommes sont homosexuels et que ce n’est pas aisé à assumer, surtout pour Cyrille qui vit avec son paternel.

La fin abrupte puis le son des cloches dans le court générique servent le propos du film : où est le salut pour le monde agricole ?

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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