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COPACABANA

Un film de Marc Fitoussi

Huppert en mère indigne mais généreuse: succulent

A Tourcoing, une jeune femme, ayant trop honte d'imaginer sa mère, excentrique et envahissante, à son mariage, exclut celle-ci en racontant à sa belle famille qu'elle est partie pour un an à Copacabana. Blessée, sa mère part alors à Ostende en plein hiver, tenter de se trouver un métier, en vendant des appartement en multi-propriété...

Marc Fitoussi a présenté cette année à Cannes, son deuxième film à la Semaine de la critique, après le remarqué « La vie d'artiste ». Contrairement à ce que l'on pourrait croire, "Copacabana" n'est nullement un film qui se déroule dans la chaleur du Brésil, mais principalement dans la froideur d'une cote de la Manche hors saison. Sous des aspects de comédie assumée, offrant dans un premier temps quelques scènes d'anthologie à Isabelle Huppert (notamment quand elle en fait des tonnes en organisant une soirée indienne maison), le film dénonce mine de rien une situation sociale alarmante. Il constitue de manière juste, une critique de l'exploitation des employés par le biais de prétendus système de ré-insertion et de formation, et ainsi de l'apprentissage généralisé de la concurrence entre individus, laissant peu de place à une réelle générosité envers les plus démunis.

Traitant des contradictions d'une femme, entre une rédemption sociale espérée, par le biais inattendu de la vente d'appartements en time-share, et une déshumanisation progressive, ce scénario très bien écrit, permet à Isabelle Huppert de briller une nouvelle fois dans un premier rôle à sa démesure. "Copacabana" regorge de répliques déjà cultes, comme celle qui voit Huppert comparer sa co-locataire à Kathy Bates, par un vachard "tu vois la salope dans Misery ?", ou encore lâcher lorsqu'elle croise une mère avec sa charmante petite fille : « c'est sympa à cet âge là... c'est après qu'ils vous chient sur la gueule ». Le film est donc une comédie savoureuse, prenant clairement position pour une générosité sociale devenue la marge et faisant la part belle aux seconds rôles (Jurgen Delnaet, le hollandais collant, Noémie Lvovsky, l'amie qui bouge les meubles et offre un T-shirt avec marqué « Jogging » et en lui disant qu'il y a écrit « Spiderman »... à son fils qui ne sait pas encore lire...). Un régal.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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