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LA CITE DES HOMMES

Un film de Paulo Morelli

L'absence d'un père

Laranjinha et Acerola vont sur leurs 18 ans. Ils vivent dans l'une des favelas de Rio de Janeiro, tenue par le cousin de Laranjinha, surnommé « Hibou ». L'un vit mal sa paternité, l'autre l'absence de père, mais tous deux vont devoir s'impliquer dans la guerre qui couve pour le contrôle de la Favela...

« La cité des hommes » est en fait l'adaptation de la série télé crée par Katia Lund et Fernando Meirelles pour la télévision brésilienne, sur la base du célèbre film du second: « La cité de Dieu ». Bien moins violent que son prédécesseur, le film n'en est pas moins réalisé avec un certain brio par Paulo Morelli qui était d'ailleurs le réalisateur de chacun des épisodes de la série. Le scénario, sur fond de lutte pour le contrôle d'une favela de Rio de Janeiro, se concentre en fait sur les relations entre les enfants et leurs pères. Acerola a longtemps hésité à laisser sa jeune petite amie élever leur enfant, mais la situation va lui apprendre la responsabilité. Le scénario pose en tous cas, sans jugement aucun, la question de l'âge adéquat pour être père. Quant à Laranjinha, il va se découvrir un père, au faciès sympathique, mais qu'il aurait peut-être mieux fait de ne pas connaître.

La question de la transmission de la responsabilité est donc au coeur du récit, tout comme la possibilité d'une amitié, que les guerres de gangs et les liens familiaux ou amoureux viennent fréquemment mettre en danger. Livrés à eux-même les personnages se retrouvent en permanence dans une sécurité précaire. Et la mise en scène, nerveuse, caméra à l'épaule, de Paulo Morelli, montre bien cet état de fait, notamment dans la scène d'ouverture, où la bande du caïd décide de se rendre à la plage. Les jalousies sont un peu trop évidentes, visibles et du coup les vengeances trop prévisibles. Mais Morelli nous offre avant tout ici une vision intéressante de la vie quotidienne des gangs, sans but aucun, et des labyrinthes que représentent les favelas. Et la qualité de photographie, absolument superbe, ajoute au contraste entre de tant de chaleur et tant de haines inexpliquées et d'amalgames absurdes.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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