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Vers la guerre civile ?

Chaque film de Lucas Belvaux, depuis sa trilogie grenobloise ("Cavale", "Un couple épatant" et "Après la vie"), revêt un fond politique relativement important. C'est particulièrement le cas de "Chez nous", qui tente de comprendre la montée des replis communautaires et nationalistes ou identitaires, et de démonter les rouages de l'embrigadement par les partis d'extrême droite. Avec une tension crescendo, l'auteur nous propose ainsi une parabole sur le fonctionnement de mouvements bien connus dans notre pays, entreprises familiales tentant de rallier les classes les moins aisées alors que leur programme même va à l'encontre de leurs intérêt.

Le scénario explore de nombreuses directions, des liens avec des milices violentes aux contradictions entre intérêts et vote, en passant par les tensions générées en interne aux familles ou groupes d'amis, et les relations entre communautés. Surtout, il montre avec intelligence comment la colère liée à un monde en crise, à la peur de l'immigré, au sentiment de perte de repères et d'identité, et à la multiplication des affaires, est savamment exploitée.

Par dessus tout, le film est servi par une distribution hors pairs. Emmenée par une Émilie Dequesne incarnant à la fois les limites de la compassion et de la patience, mais aussi le besoin d'exister et d'être prise au sérieux dans ses revendications, elle fait aussi la part belle au personnage entre charme incandescent et ombre persistante interprété par l'épatant Guillaume Gouix. Donnant aussi à André Dussollier et à Catherine Jacob l'occasion d'explorer des facettes plus sombres de leur jeu, en personnages hautement calculateurs, le film résonne comme un avertissement. Celui d'une guerre civile qui couve, faute de ne plus s'écouter les uns les autres ?

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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