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CAPTIVE

Un film de Brillante Mendoza

Un rien manichéen, le nouveau Brillante Mendoza captive...

Philippines, 2001. De nuit, des hommes armés approchent en bateau d’un hôtel de luxe composé de bungalows. Dans un accès soudain de violence, ils entraînent certains des pensionnaires sur les pontons de bois, puis sur les bateaux, direction la jungle profonde…

En 2001, des touristes étaient enlevés dans leur hôtel de luxe des Philippines, par un groupe de rebelles musulmans. Pour aborder ce fait divers peu anodin, Brillante Mendoza, auteur engagé et observateur en diable, réalisateur de « Lola », « Kinatay » et « Serbis », a choisi de porter sa caméra à l'épaule pour mieux nous plonger d'emblée, avec ce groupe, au cœur de la jungle, et pour mieux en saisir les souffrances quotidiennes, physiques comme morales.

Les premières scènes donnent le ton, celui de l'urgence, renforcé par un filmage à hauteur des barrières du ponton par lequel les otages seront emmenés. Magnifiant la quantité de personnes concernées, accélérant l'impression de mouvement, Mendoza pose ainsi son œuvre en tant que film d'action psychologique sensé nous secouer de bout en bout. Et ce sera bien le cas.

Avec une scène dans le bateau, consistant pour les ravisseurs en un tour des rançons envisageables (ils demandent les métiers de chacun...), l'auteur présente rapidement l'ensemble de ses protagonistes. Puis, il nous plonge directement dans l'épaisse jungle, pour ne plus en ressortir, ou presque. Il rend palpable le danger qui guette les otages à chacun de leurs pas. Car, entre des forces armées qui les canardent indistinctement et des milices ennemies présentes au moindre village traversé, les pauvres vont devoir éviter les balles ; quand ce n'est pas la nature elle-même qui s'en mêle, Mendoza choisissant d'évoquer ponctuellement cette jungle fourmillante, dont la faune est aussi fascinante que dangereuse.

Mais « Captive », sensé délivrer un message politique, prend progressivement un virage discutable. Ainsi, la mise en avant de l'abandon des otages par les autorités est un peu facile par moment (voir le passage des interviews face caméra avec des journalistes venus sur place...) et la critique des systèmes médiatique et diplomatique (qui fait que les événements du World Trade Center focalisent alors l'attention et condamnent définitivement les ravisseurs à l'exclusion...) semble maladroite.

Reste une œuvre diablement efficace, qui vous prend aux tripes. Un film asiatique qui permet de se rendre compte une nouvelle fois de l'étendue du talent d'Isabelle Huppert, capable de hurler de frayeur, de manger en pleurant à chaudes larmes ou de sangloter de colère face à un violeur impuni. Un vrai numéro d'actrice qui évite les écueils du portrait de la missionnaire dogmatique.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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