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LE CAFE DU PONT

Un film de Manuel Poirier

Merci papa, merci maman…

Pierre revient sur l’histoire de ses parents, Claudia et Maurice, cafetiers dans le sud-ouest de la France. De l’occupation au début des années cinquante, leur petit commerce sera le rendez vous des ouvriers et des mariniers des alentours, jusqu’au jour où, épuisée par son dur labeur quotidien, la petite santé de la mère oblige la famille à vendre le «Café du pont»...

Si vous poussez la porte du «café du Pont» vous rencontrerez un jeune garçon fort occupé à récupérer les grenouilles échappées de sa besace. Cet adolescent un peu gauche, c’est Pierre Perret, notre célèbre chanteur populaire bien connus pour avoir consacré zizis et colonies de vacances aux sommets des hit-parades. Inspiré librement de son enfance, le film de Manuel Poirier peut étonner par son style posé et contemplatif. Connaissant la gouaille légendaire de l’artiste, il était pourtant aisé de l’imaginer enfant, aussi terrible que le héros de «la guerre des boutons». Pas du tout, le petit Pierre est ici un garçon timide, réservé et surtout… sans grand charisme.

Qu’importe, le «café du pont» retrace avant tout l’histoire de ses parents. Couple idéal, lui, est généreux et attentionné envers sa famille, elle, est travailleuse, au caractère bien trempé, juste et efficace. Le café c’est toute leur vie. Discrets, ils maternent leurs clients sans porter de jugement… En résumé, ce sont des gens parfaits. Malheureusement tant de qualités finit toujours par nuire, du moins au récit. «Le café du pont» est avant tout un film hommage. Avec l’histoire de Pierre Perret, Manuel Poirier à voulu souligner l’estime et l’amour que l’on peut porter à ses parents. Or, évoquer des gens qu’on aime n’est jamais objectif. Cela impose inconsciemment une retenue et une pudeur dans la mise en scène qui finissent souvent par desservir le sujet.

Les souvenirs d’enfance sont posés bout à bout dans l’ordre chronologique, et le film prend vite l’apparence d’une succession de scènettes trop bien écrites pour être réelles. L’ensemble sonne un peu faux, surtout qu’à l’exception de Bernard Campan et Cécile Rebboah qui sont impeccables, les rôles secondaires récitent leur textes assez laborieusement. Les clients ont tous des problèmes, d’alcool le plus souvent, mais la peinture sociale s’arrête là ! Les comédiens accentuent maladroitement la tonalité chantante du parler gascon et déclament timidement des dialogues souhaités croustillants. Or n’est pas Pagnol qui veut, et le film s’étire langoureusement dans une nostalgie empesée. Manuel poirier avait su nous séduire lors de ses précédents films (« Western »...) en laissant transparaître de multiples émotions au travers d’une ambiance feutrée. Quel dommage, qu’ici, l’ennui l’ai emporté sur les sentiments.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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