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ANATOLIA

Un film de Ferit Karahan

Une démission collective en termes de responsabilité

Dans une école pour enfants kurdes, située dans les montagnes de l’Anatolie orientale, Yusuf refuse que son camarade de chambrée Mehmet (Memo) ne dorme avec lui, de peur des râgots. Le lendemain, celui-ci tombe malade, alors que le chauffage de l’école est en panne et que la neige qui tombe abondamment commence à isoler les lieux…

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Le contexte est dressé en quelques scènes. La douche, collective, n’a lieu qu’une fois par semaine, et les enfants plus bruyants ont parfois droit à une punition avec uniquement de l’eau froide. Les condition climatiques sont dures, lieu est isolé et mal entretenu, le chauffage faisant des siennes et certaines serrures devant être dégelées avec de l’eau bouillante. L’éducation ici est à la dure, le directeur réunit les enfants dehors, dans le froid, attendant visiblement d’eux de la gratitude, pour l’hébergement, la douche hebdomadaire, l’argent de poche mensuel… Le cours de géographie efface la notion de « région kurde » au profit de l’Anatolie orientale. Les adultes s’affichent comme dominants ou supérieurs, avant que le récit ne montre finalement qu’ils sont en dessous de tout.

Car le scénario de Ferit Karahan et Gülistan Acet s’applique, de manière implacable, à démontrer une démission en chaîne en termes de responsabilité, les adultes se montrant tour à tour insouciants, insensibles, lâches et méprisants. Au milieu de ceux-ci, que la caméra filme de manière de plus en plus agitée, le jeune Samet Yıldız impressionne par son entêtement à vouloir venir en aide à son ami malade, provoquant remous dans l’établissement, forçant à la remise en cause, mais se heurtant toujours à un mur.

Avec une certaine finesse, le peu de considération pour ces enfants est mis en évidence, Ferit Karahan captant l’attitude d’un directeur plus obnubilé par l’obtention de pneus neiges que la réparation du chauffage de l’établissement, ou d’une mère au téléphone, qui n’écoute pas. Étouffé par une neige de plus en plus épaisse, le cri de détresse de cet enfant a de quoi marquer. Il faudra attendre en tous cas juin prochain, pour savoir si le film aurait bel et bien fait un parfait candidat au prix du public dans la section Panorama du Festival de Berlin 2021, où il était présenté.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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