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BIENVENUE EN SICILE

Un film de Pif

Une farce au fond politique trop tardif

New York, 1943. L’armée américaine prépare le débarquement sur les cotes de Sicile. Pour s’assurer des appuis locaux, elle passe un pacte avec un mafieux emprisonné aux USA et condamné à 50 ans de réclusion. De son côté, le jeune Arturo, rêvant d’épouser Flora, pourtant promise à un chef de la mafia new-yorkaise, décide de s’engager afin de pouvoir demander en personne la main de la belle à son père, une fois débarqué. Pendant ce temps, Flora tente de retarder par tous les moyens l’échéance de son mariage...

"Bienvenue en Sicile", au-delà d’une histoire d’amour dans laquelle s’immiscent à la fois la mafia et la guerre, apparaît bien vite comme une pantalonnade, certes assumée mais avec tous ses excès. Sur un scénario qui veut peut-être un peu trop « tout traiter », le film propose à la fois une peinture potache du débarquement, une comédie romantique, et un thriller dans lequel le candide personnage principal fait preuve d’une chance insolente face à ses multiples poursuivants par ricochets. Et malheureusement l’aspect réellement politique du film, celui qui délivre à la fois message et émotion, arrive trop tard pour faire totalement digérer cette farce longtemps excessive en tous points.

Il faut dire que Pif aligne les personnages saugrenus, tous caricaturaux à l’excès (le duo de SDF, dont l’un est aveugle et peut sentir venir les bombes, les fans de Mussolini ou de la Vierge rivalisant pour sauver les statues de leurs idoles, le chef de la mafia locale…), rendant tout ce petit monde peut-être trop sympathique ou inoffensif avant de rentrer véritablement dans le fond du sujet. Critiquant certes l’intéressement des individus, moquant gentiment les questions d’honneur, la lourdeur bureaucratique ou encore les arrangements avec la morale, l’auteur fait pendant les trois quarts du film, oublier le péril de l’alliance avec la mafia.

Si le comique de répétition est parfois bienvenue (l’atterrissage incongru des parachutistes, semant le trouble dans la bonne morale italienne ; la libération des prisonniers…) et si certaines transitions sont amusantes (par exemple de la chute des bombes au plat de pommes de terres), le trait comique forcé de l’ensemble du métrage amenuise le message de fond, qui surgit de manière presque incongrue dans les dernières minutes, paradoxalement très réussies. Ajoutons à cela une intrigue parallèle, à la symbolique un peu lourde, avec le personnage du gamin pleurant son père (et le présage de l’âne volant…), et l’on se dit que le scénario aurait sans doute mérité d’être un peu épuré.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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