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BIENVENUE À MARWEN

Un film de Robert Zemeckis

Une catharsis via le pouvoir de la fiction

Après s’être fait tabasser dans un bar, Mark Hogancamp est frappé d’amnésie. Il va alors se créer un village belge imaginaire plongé dans la seconde guerre mondiale : Marwen. Comme une auto-thérapie, Mark invente des lieux imaginaires qu’il peuple avec des poupées représentant principalement des femmes de son entourage et son passé. Il doit cependant faire de nouveau face à la réalité lorsqu’il va lui falloir se rendre au procès de ses agresseurs…

Robert Zemeckis revient une nouvelle fois avec une adaptation d’une histoire vraie après celle de "The Walk" en 2015. L’histoire se concentre autour de Mark Hogancamp, interprété par un Steve Carell livrant une fois de plus une extraordinaire performance dramatique, qui dans l’optique d’échapper à son choc post traumatique consécutif à une violente agression à la sortie d’un bar, va se plonger dans le monde imaginaire de Marwen, peuplé des alter ego de l’entourage de Mark, ainsi que de son propre avatar : le capitaine Mark « Hoogie » Hogancamp.

Le récit qui en résulte reste touchant et on éprouve vite beaucoup de compassion pour ce personnage principal dans sa lutte désespérée pour tourner la page. L’alternance entre le monde de Marwen et le monde réel prodigue une mécanique narrative simple mais efficace, et on prend plaisir à suivre les personnages, que ce soit dans leurs tentatives d’aider Mark dans la vraie vie ou dans la manière dont ce dernier les imagine et symbolise à Marwen. Le tout reste très bien rythmé, mais n’oublie jamais de prendre son temps lorsque cela est nécessaire : une qualité qui se fait malheureusement de plus en plus rare dans les productions actuelles.

Quelques légers défauts d’écriture subsistent toutefois, notamment avec le personnage de la sorcière belge Deja Thoris, en particulier à la fin, lors d’un climax qui met en scène une grosse révélation à son sujet dans l’univers miniature alors que celle-ci avait déjà été annoncée par les personnages réels plus tôt dans le film. Mais le souci s’étend également à la symbolique du personnage, qui durant tout le film représente toutes les peurs de Mark en général, et qui à la fin ne se cantonne qu’à un seul problème spécifique. Cela donne une sensation d’un soufflé qui retombe soudainement, au moment de la révélation. On notera également parmi les petits défauts, le personnage de Kurt, peu utilisé dans le récit.

Côté réalisation, Robert Zemeckis a décidé de mettre en avant l’univers de Marwen dans une dichotomie avec le monde réel. Les séquences de miniatures sont assez bluffantes techniquement parlant, Zemeckis ayant opté pour la performance capture, domaine dans lequel il fut l’un des pionniers, ce qui rend incroyablement bien. On décernera d’ailleurs une mention toute spéciale aux transitions entre les deux mondes, souvent faites dans le même plan et complètement imperceptible.

Cette grande qualité se retrouve globalement dans la mise en scène. En effet, Zemeckis nous montre avec intelligente les deux facettes de Mark. Là où le monde réel est filmé plutôt avec des plans assez fixes, celui de Marwen est très dynamique avec une caméra virevoltante. Là où notre monde est filmé avec des couleurs assez neutres tirant vers le blanc, celui de Marwen est très coloré avec une saturation et un contraste plus accentué. Tout cela nous dévoile donc un Mark préférant largement son univers imaginaire à notre monde. Son évolution est intéressante à suivre au travers du montage puisque la première scène se passe à Marwen, alors que la dernière, une fois que Mark est arrivé à faire face à ses agresseurs et à vaincre ses peurs, se déroule dans le monde réel. Ceci alors que l’exposition consacrée à l’univers de Marwen, se limite à des photos, fixes par essence. "Bienvenue à Marwen" est donc un bon film sur la reconstruction après un choc post-traumatique, agréable à voir.

Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur

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