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LA BELLE ET LA MEUTE

Un constat douloureux d’une absence de libertés qui perdure

Après une soirée dansante à Tunis, une jeune femme tente de se faire examiner suite à un viol collectif, de manière à pouvoir porter plainte. Commence alors un parcours du combattant, dans lequel elle se fait accompagner par un ami…

Film tunisien (coproduit avec l’aide de cinq autres pays), "La Belle et la Meute" fait forcément penser à des œuvres comme "4 mois, 3 semaines et 2 jours", à la fois pour son aspect course contre la montre et pour l'obstination de ses personnages à faire face à un système qui leur refuse leurs droits. Adoptant ainsi les mêmes rouages que certains films iraniens ou philippins (on pense à des récits d’Asghar Farhadi ou de Brillante Mendoza), il tente de mettre en évidence à la fois la puissance de la corruption policière et le poids des institutions.

Grâce à un chapitrage enfonçant le clou au niveau du parcours du combattant vécu par la jeune femme et l'homme qui l'accompagne, et à de nombreux et brillants plans-séquences, "La Belle et la Meute" réussit sa charge contre un système sous le joug d'une police abusant de sa position de force. Si l'actrice principale manque cependant d'un peu de présence, donnant dans le surjeu ponctuel, et si certains personnages (telle la policière) auraient mérité un peu plus de cohérence dans leur traitement, il faut bien avouer que l’effet viscéral souhaité est bel et bien produit.

Le film est donc un brûlot efficace venu d'un pays trop rare dans le paysage cinématographique. Ne relâchant jamais la tension, il pointe toute la perversion d’un système où l’évitement du scandale est la priorité, entre pressions de collègues, menaces physiques, peur de sa propre famille, chantage au patriotisme, voire fausses accusions d’adultère. Même si on regrettera quelques facilités scénaristiques dans le dénouement, visant à servir le propos sur la persistance du manque de libertés, le film témoigne de l’état d’un pays qui reste encore « une prison » pour trop de ses citoyens. Édifiant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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