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BEFORE I DISAPPEAR

Un film de Shawn Christensen

Souffrances exprimées ou non

Alors qu'il est sur le point de se suicider, Richie reçoit un coup de téléphone de sa sœur, avec laquelle il n'a pas eu de contact depuis très longtemps, et qui lui demande un service important. Il sort alors de la baignoire dans laquelle il venait de s'ouvrir les veines, se met quelques bandages, et part chercher sa nièce Sophia, à la sortie de l'école...

On dit toujours que poser ses maux sur le papier aide à s'en sortir. Mais on sous-estime beaucoup le pouvoir curatif de l'expression de ses souffrances ou rancœurs à voix haute. Richie, personnage principal en souffrance, ne se remet pas de sa séparation d'avec celle qu'il considère comme l'amour de sa vie. Sa peine, il la trimbale sur lui, et la mort, comme lui dit à un moment donné son patron (Ron Perlman, imposant), il la porte en lui. C'est avec ce principe pour point de départ que Shawn Christensen (qui s'offre ici le premier rôle) va s'amuser à enfoncer son personnage dans le emmerdes, l'aidant en même temps à surnager grâce au contact avec une nièce qui s'humanise peu à peu. Et dans une histoire pleine de tensions, il offre paradoxalement au spectateur un répit, lors de ses tentatives de suicide successives, sources d'un humour décalé qui est plutôt bienvenu.

Après les veines coupées, ce sont de supposés somnifères (qui sont en fait des piles pour la ménopause) qui sont sensées lui permettre de quitter ce monde et d'exprimer à celle qu'il aime, par écrit, la complexité de ses sentiments. Mais le scénario est surtout l'occasion d'évoquer l'éloignement entre un frère et une sœur, chacun ayant choisi d'évoluer dans des milieux différents, en tissant autour du jeune homme une dangereuse toile d'araignée, suite à la découverte d'une jeune femme ayant fait une overdose dans les toilettes du club sordide où il travaille.

Dans ce film à la tonalité de fond plutôt triste, la passion fait figure d'élève du premier rang, tout comme une certaine idée de la droiture (le personnage principal répète à qui veut l'entendre qu'il "ne ment pas"). Au travers d'une mise en scène qui tente, à grand renforts d'effets sonores, de montrer le malaise du personnage, transporté dans différents trips liés à des produits ingérés comme à son état de fatigue profond (la rencontre avec la mort, la scène avec l'arc devant l'ascenseur...), "Before I Disappear" navigue au fil d'un équilibre précaire entre nostalgie (les flip-books écrits étant ado...) et cruauté du monde.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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