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BATTLESHIP

Un film de Peter Berg

À pitch débile, film débile

Un jeune homme, embringué par son frère dans un bar de marine's, décide de draguer une belle blonde. L'expérience virant à la catastrophe, le voici enrôlé dans les fameuses troupes d'élites américaines. Quelques temps plus tard, alors qu'il est toujours aussi irresponsable, il se retrouve à devoir sauver sa place lors de manœuvres internationales autour de l'île d'Hawaï. Heureusement pour lui, c'est justement là que des extra-terrestres ont choisi d'établir une base avancée...

« Battleship », ou en français la « bataille navale », n'a heureusement pas grand-chose à voir avec le célèbre jeu de notre enfance. Ce film américain couillu n'en est pas moins une adaptation du jeu vidéo éponyme. Du coup, rien d'étonnant à ce que le scénario soit réduit à la portion congrue, l'ensemble du budget étant englouti dans des effets spéciaux aussi voyants que soignés et qui feraient presque oublier le manque de consistance de la chose.

Car d'emblée « Battleship » affiche son très bas niveau. La scène d'ouverture, si elle fera fantasmer les ados en chaleur, pose le héros comme un des plus grands ânes qu'on nous ait donné de voir. Pressé de séduire la belle-blonde-bien-carrossée qui se trouve au comptoir, celui-ci s'engage à lui fournir un burrito alors que la cuisine du pub est fermée. Il se rend alors logiquement au supermarché d'en face, qui baisse le rideau sous ses yeux. Mais comme rien n'arrête super-crétin, celui-ci va dévaliser les lieux, en passant par le toit et les faux plafonds... atterrissant, on se demande bien comment, directement au rayon adéquat.

Et le réalisateur de nous affubler de toutes les chutes possibles et imaginables, pitreries navrantes du futur soldat tentant de sortir du piège dans lequel il s'est fourré, et détruisant progressivement les étagères alentour. Face à cela le spectateur est certainement censé s'esclaffer. Et comme l'humour badaboum ne suffit pas, le réalisateur nous inflige une scène d'arrestation au Tazer, le héros, électrisé, continuant à ramper vers sa belle pour lui remettre le fameux sandwich en mains propres. Qu'est-ce qu'on se marre !

Voilà pour la dose d'humour. Le reste du film ne sera que démonstration d'egos entre équipes de foot américaine et japonaise, et lutte sans merci avec des aliens, dotés de grands vaisseaux, moyens vaisseaux, petits vaisseaux... ou de combinaisons métalliques des plus seyantes. L'enjeu : sûrement pas simplement sauver le monde, mais surtout gagner le respect du père de la belle, haut gradé borné interprété par un Liam Neeson décidément guidé par un agent aveugle qui ne doit pas trop lire les scripts qui lui sont proposés.

Au final, « Battleship » est un amoncellement longuet de scènes d'actions plutôt réussies pour certaines, à condition que l'on ne se pose aucune question sur la supposée tactique des envahisseurs venus de l'espace. En effet, ceux-ci terrassent leurs ennemis à l'extérieur d'un périmètre qu'ils ont eux-mêmes bouclé, alors qu'à l'intérieur ils sont incapables de détecter un simple navire. De plus, leur manière d'épargner les hommes désignés comme non-dangereux par leur détecteur visuel vert (le rouge c'est pour les méchants) laisse assez pantois. Mais le ridicule n'est pas l'exclusivité des aliens, les humains n'étant pas en reste. De la chanteuse Rihanna qui trouve ici un premier rôle ingrat au cinéma en potiche rigide et souriante, au scientifique aussi inutile que lâche, en passant par les vétérans héroïques capables de faire faire un dérapage contrôlé à un porte-avion, la plupart des personnages sont inexistants. Alors que reste-t-il à sauver de tout ce déballage de testostérone ? Pas grand-chose, même pas la musique, « Nolanisée » à mort. Alors si vous embarquez malgré tout sur le navire, ne vous étonnez pas de l'humour qui fait plouf, ni de ne pas être le moins du monde touché... (ou coulé ?).

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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