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AVANIM

Un film de Raphaël Nadjari

Le poids insoutenable du patriarcat

Michale, jeune israélienne d’une trentaine d’année, travaille avec son père à Tel Aviv, pour le bénéfice d’institutions religieuses. Elle voit d’un mauvais œil un influent homme tenter d’entraîner son père dans des combines pour obtenir des subventions conséquentes pour l’ouverture d’une école d’enseignement de la Tora…

Raphaël Nadjari, réalisateur du pesant et raté Apartement #5, nous revient avec un portrait d’une israélienne moderne, simple et bouleversant. Interprète magnifique de Michale, Asi Levi donne corps à cette femme dont la vie est littéralement envahie par des hommes, tous aveuglés par leurs certitudes et bonnes intentions, teintées d’égoïsme. Comme le film, sa vie d’oppressée bascule, lorsque l’un de ses amis (et potentiellement son amant), meurt dans un attentat.

Loin d’être un film militant contre la violence entre les peuples, Avanim (pierres en hébreu), recherche avant tout la paix à l’intérieur d’un même peuple. Décrivant brillamment l’enfermement et le peu de considération dont fait preuve la femme, son père débarquant à l’improviste, parasitant les rares moments d’intimité avec son mari, influençant celui-ci, générant un mépris de son individu, le film bascule dans un mutisme éloquent, qui débouchera sur un acte autant désespéré que menant consciemment à une inévitable exclusion.

Nadajri n’installe pas seulement une tension, mais met face à face deux mondes, qui, sans être en opposition, ont bien du mal à coexister. L’univers religieux, en régression, n’hésite plus à utiliser des armes illégales et à les assumer de manière bien éloignée de ses principes fondamentaux. On tremble donc avec délectation, pour cette femme au courage suicidaire, qui ose se dresser sur la route des tricheurs, et refuser un patriarcat étouffant. A voir absolument.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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