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AT ETERNITY'S GATE

Un film de Julian Schnabel

Un ratage complet, malgré son interprète principal

Vincent Van Gogh, artiste peintre qui dit lui-même qu’il ne sait rien faire d’autre, croise Gauguin lors d’une réunion d’un groupe d’artiste. Arrivé à Arles, il va trouver dans les environs matière à inspiration…

At Eternity's Gate film image

Un an après la formidable et passionnante enquête sur la mort de Van Gogh développée au travers de ses peintures dans le film d'animation "La passion Van Gogh", voici que Julian Schnabel présentait à Venise un film dédié à la vie du peintre, centré cette fois-ci sur la folie qui le gagne progressivement. Bien entendu, tous les ingrédients sont là pour que chacun s’y repère en terme d’inspirations, dans les quelques tableaux les plus prestigieux du peintre : le paysage de garrigue et ses rochers, les champs de tournesols brûlés… Mais l’ensemble du film semble tellement balisé que l’on s’attend au moindre geste ou tremblement de l’acteur, remplissant parfaitement le cahier des charges du fou en devenir, envers lequel on nous ordonne d’avoir de l’empathie, tant il est harcelé (il effraie les jeunes bergères auxquelles il propose de poser pour un croquis, il fait peur aux écoliers du coin…) et incompris ( il se fait virer son exposition par un aubergiste qui ne croit pas en son talent…).

De plus, l'auteur de "Basquiat" et "Le scaphandre et le papillon" rate aussi sa cible niveau mise en scène, multipliant les tics de réalisation et ne s'intéressant guère à l'entourage du peintre, qu'il décrit ici comme un pestiféré, mis à l'écart par presque tous. Donnant envie de vomir avec une caméra exagérément ballottée (sensée visiblement rapporter la présence entêtante du Mistral…), suivant des pieds au sol, comme pour saisir le manque d’équilibre du protagoniste, passant en caméra subjective lorsque seul, il peut enfin sortir de l’asile, tout concoure à agacer le spectateur. Et ce ne sont pas les effets malheureux comme le partage de l'écran en une partie basse floue et celle du dessus nette, signifiant la perte de la vue, et les écrans noirs avec voix-off, arrivant à deux reprises (dont l’une pour expliquer l’oreille coupée…), qui arrangeront les choses.

Côté interprètes, les guest-stars sont légions, dans des rôles aussi superficiels et inutiles les uns que les autres, là où le dessin animé leur donnait une réelle épaisseur. Mais au milieu, Willem Dafoe sauve les meubles, donnant dans la caricature attendue du fou des campagnes. Le jury du Festival de Venise 2018 n’y aura d’ailleurs vu que du feu, et lui aura décerné son prix d’interprétation. Pour autant, "At Eternity’s Gate" n’en demeure pas moins un insupportable exercice de style, véritable naufrage, aux torrents de mauvaises idées de mise en scène et aux prétentieux dialogues pseudo-philosophiques, inspiré paraît-il de lettres de Van Gogh lui-même.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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