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ANTIBODIES

Un film de Christian Alvart

La part du diable

Lors d'une descente, un homme nu est fait prisonnier après avec tué un agent et tenté d'en massacrer d'autres. La police découvre alors qu'il s'agit de l'assassin de nombreux jeunes garçons. A l'hôpital, le tueur finit par avouer le meurtre de 13 d'entre eux. Mais dans une petite bourgade, un autre policier souhaite savoir s'il ne serait pas également le tueur d'une jeune fille...

Thriller à la "Seven", "Antibodies" joue sur de nombreux tableaux en même temps. Il lorgne dans un premier temps vers l'intrigue communautaire, avec une lutte d'influences dans un petit village frappé par la mort d'une jeune fille et la suspicion qui règne sur elle. Il tend vers le drame familial à force d'interrogations sur l'éducation et l'intrusion du mal dans l'individu puis dans le groupe. Enfin, il donne également et principalement dans l'interrogatoire et l'enquête sur un serial killer.

Sadique et retord au possible, celui qui est décrit ici se révèle inquiétant dès la première scène, dans laquelle il peint des tableaux avec le sang de sa dernière victime. L'interprète André Hennicke, s'il en fait un peu trop dans la folie latente doublée d'une intelligence hors norme - ce qu'on ne pouvait pas reprocher à Anthony Hopkins dans "Le silence des agneaux" - fait tout de même froid dans le dos. Face à lui, le policier au regard clair et à la droiture d'esprit est interprété par Wotan Wilke Möhring, crédible dans ses certitudes et sa rigidité d'homme droit, comme dans les doutes qui l'envahissent.

La force d'"Antibodies" réside dans le fait que chacun d'entre eux finit par devenir inquiétant. L'enquête qui les lie et les oblige à s'influencer mutuellement est d'une logique imparable. Elle est portée par une mise en scène sobre et efficace, que les quelques moments de grande violence physique ou psychologique servent avec brio. La pression monte peu à peu, jusqu'au cas de conscience final, menant vers un choix impossible à assumer. Au final, un film angoissant opposant innocence, mensonges et droiture, aussi bien que lumière et ombre.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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