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AN EVENING SONG (FOR THREE VOICES)

Un film de Graham Swon

Retranscrire l'ivresse des mots

Dans le Midwest américain, à la fin des années 1930, Richard, écrivain de romans populaires vit avec Barbara, poète surdouée et réputée, dans une grande demeure à la campagne. Richard, qui a rencontré leur bonne, Martha, à l’église, est intrigué par cette femme aux étranges problèmes de peau, qui s’intéresse elle-aussi aux mots…

Nouveau film de Graham Swon ("The World is Full of Secrets"), "An evening Song (for three voices)", soit Une chanson du soir à 3 voix, est construit comme une sorte de rêve éveillé, relatant l'évolution de trois personnages, un couple et leur gouvernante, vers un triangle amoureux. Autant la mise en scène propose des images ouatées, dont les limites disparaissent sur les côté, offrant parfois des visions très partielles, à la manière d'un champs de vision rétréci ou de paupières à demi closes, autant l'enchevêtrement des voix des trois narrateurs (les 3 personnages), crée un effet hypnotique, invitant les pensées du spectateur à flâner elles-aussi.

Loin d'être ennuyeux ou trop distancié de ses personnages, le film se présente ainsi comme un flot de mots, tantôt réflexions intimes, tantôt considérations sur la vie, se répondant plus ou moins selon les scènes, et venant éclairer aussi bien des flash-back (la rencontre de Martha avec Robert, à l'église, alors que celui-ci cherchait l'inspiration pour un roman horrifique...), que la légende locale qui circule de bouche en bouche (une créature qui aurait enlevé un petit garçon...), ou les rêves des protagonistes (Martha qui livre ses impressions, comme si elle était un pigeon...). A condition de se laisser aller, à un rythme langoureux et des images cotonneuses, qui parfois se superposent, le spectateur sera lui aussi happé dans le tourbillon que provoquent aussi bien les mots que les mouvements de caméra. La scène où l'on tourne autour des personnages, le temps d'un long monologue, est tout juste envoûtante. Quant au film, il attise à la fois la curiosité, titillant l'imagination comme l'aspiration à un certain romantisme.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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